BM 170-2 2012

Le château de Bois-Sire-Amé ; Antoine le Rupt, architecte sculpteur d’ornement

Cet article de varia comporte, outre les habituelles rubriques (actualités, chronique et bibliographie), deux importants articles : Le château de Bois-Sire-Amé et Antoine Le Rupt, itinéraire d’un architecte sculpteur d’ornement (vers 1490-vers1570) en Bourgogne et en Franche-Comté.

ARTICLES
Le château de Bois-Sire-Amé, par Jean-Pierre Adam, Nicolas Faucherre, Jean Mesqui, Armelle Querrien
Antoine Le Rupt, itinéraire d’un architecte sculpteur d’ornement (vers 1490-vers 1570) en Bourgogne et en Franche-Comté, par Jean-Pierre Jacquemart

ACTUALITE
INDRE-ET-LOIRE. BEAULIEU-LES-LOCHES. Trois charpentes du XIVe siècle. Nouveaux apports sur l’habitat médiéval de la ville (Franck Tournadre). RHONE. LYON. Saint-Pierre de Vaise et la basilique des Martyrs (Jean-François Reynaud). YONNE. Vézelay. La porte Neuve, un palimpseste (Philippe Dangles et Nicolas Faucherre).

CHRONIQUE
HAUT MOYEN-AGE. ARCHITECTURE RELIGIEUSE. PRATIQUES ET MANUSCRITS. Renouvellement des connaissances sur l’architecture ottonienne : le cas de la cathédrale d’Augsbourg (Andreas Hartmann-Virnich). — Spolia et réminiscences tardo-antiques dans l’abbatiale romane Saint-Pierre de Mozac (Yves Christe). — L’ancien rituel irlandais de consécration des églises : sources médiévales et particularités (Patricia Stirnemann). — Spéculations sur un codex du Haut Moyen Âge : le commentaire de Beatus en provenance de San Miguel de Escalada (Peter K. Klein). MOYEN-AGE. ARCHITECTURE RELIGIEUSE ET VITRAIL. La collégiale Saint-Salvi d’Albi : redécouverte du portail roman occidental (Christian Gensbeitel). — Un bilan des études sur le vitrail médiéval (Yves Christe). RENAISSANCE. CIRCULATION DES INFLUENCES EN EUROPE. Point de vue italien sur la naissance du bastion au début du XVIe siècle (Nicolas Faucherre). — De Venise aux Flandres : un recueil d’ordres inédit (Jean Guillaume). XVIII°-XX° SIÈCLES. JARDIN, ARCHITECTURE ET URBANISME. Le château de Brissac, côté jardin (Marie-Hélène Bénetière). — Enjeux de la reconstruction après la Seconde Guerre mondiale : Saint-Malo et le choix des styles (Alain Nafilyan). XVIII°-XX° SIÈCLES. VITRAIL ET DÉCOR MURAL. Un témoignage du renouveau de l’art sacré en Poitou : l’activité de Jean Gaudin (Jean-François Luneau). — Histoire du goût, entre art et industrie : les papiers peints (Véronique de La Hougue)

BIBLIOGRAPHIE
ARCHITECTURE. Jean-Marie Pérouse de Montclos, Architecture. Description et vocabulaire méthodique (Jean Guillaume). — Marie-Pierre Baudry, Châteaux « romans » en Poitou-Charentes, Xe-XIIe siècles (Jean Mesqui). — Christian Rémy, Crozant, forteresse d’exception entre Limousin et Berry (Jean Mesqui). — Marie-Luce Demonet, David Rivaud, Philippe Vendrix (dir.), Orléans. Une ville de la Renaissance (Monique Chatenet). — Monique Chatenet et Pierre-Gilles Girault, Fastes de cour. Les enjeux d’un voyage princier à Blois en 1501 (Sylvie Le Clech). — Sylvie Deswarte-Rosa et Daniel Régnier-Roux, Le recueil de Lyon. Jacques Ier Androuet du Cerceau et son entourage. Dessins d’architecture des XVIe et XVIIe siècles de la bibliothèque de Camille de Neufville de Villeroy (Jean Guillaume). — Yves-Marie Bercé, Lorette aux XVIe et XVIIe siècles. Histoire du plus grand pèlerinage des Temps modernes (Bertrand Jestaz). — Pascal Liévaux et Patrice Franchet d’Espèrey (dir.), Architecture équestre. Hauts lieux dédiés au cheval en Europe (Monique Chatenet). HISTOIRE DU PATRIMOINE. Odile Parsis-Barubé, La province antiquaire. L’invention de l’histoire locale en France (1800-1870) (Françoise Hamon). ICONOGRAPHIE. Christian Heck (éd.), Qu’est-ce que nommer ? L’image légendée entre monde monastique et pensée scolastique (Dominique Vanwijnsberghe). MOSAÏQUE ET IVOIRE. Xavier Barral i Altet, Le décor du pavement au Moyen Âge. Les mosaïques de France et d’Italie (Guy Barruol). — Michele Tomasi, Monumenti d’avorio. I dossali degli Embriachi e i loro commitenti. Monuments d’ivoire. Les devants d’autel des Embriachi et leurs commanditaires (Danielle Gaborit-Chopin)

RÉSUMÉS ANALYTIQUES
Le château de Bois-Sire-Amé, par Jean-Pierre Adam, Nicolas Faucherre, Jean Mesqui, Armelle Querrien

Le premier intérêt de Bois-Sire-Amé, ruine déchiquetée du sud de Bourges, tient à l’histoire exemplaire d’un déplacement de site castral à l’orée d’un même bois, sans contrainte topographique, avec l’adoption de deux modèles castraux successifs, de la forteresse frontalière en zone d’instabilité à la « folie » retirée, de la motte à deux basses-cours au palais des champs pour un parvenu urbain. Bâti ex nihilo, non pas vers 1440 pour abriter les amours d’Agnès Sorel et de Charles VII, comme le veut la tradition, mais au tournant des années 1400 par l’un des maîtres d’hôtel de Jean de Berry, Jacquelin V Trousseau, en grande proximité stylistique avec les grands chantiers ducaux de Bourges et de Mehun, Bois-Sire-Amé constitue un extraordinaire témoignage sur l’ambition d’un officier de la cour ducale et sur sa nouvelle assise familiale ; il est conçu comme un hommage à son épouse, Philippe de la Charité, et réalisé avec un luxe qui reflète celui de son maître.

Antoine Le Rupt, itinéraire d’un architecte sculpteur d’ornement (vers 1490-vers 1570) en Bourgogne et en Franche-Comté, par Jean-Pierre Jacquemart

Quatre thèses de doctorat et de nouvelles études de l’auteur ont permis de restituer, au fil des jours, la vie d’un maçon provincial de l’est de la France, Antoine Le Rupt, pendant une soixantaine d’années. Grâce aux archives et aux édifices auxquels cet artisan a apporté sa contribution à Dijon, Auxonne, Gray, Dole et Pesmes, se dessinent une carrière, une renommée, un style, un tempérament. Se précisent également, de 1508 à 1565, les méthodes de travail, les conceptions des intervenants et, d’une façon plus générale, l’esthétique bourguignonne et comtoise au sein des foyers artistiques de la France septentrionale. Antoine Le Rupt, maçon, sculpteur et maître d’œuvre, apparaît profondément marqué par le gothique flamboyant lorrain des environs de Nancy. Il est un des rares artisans de cette époque dont la carrière présente une telle suite de réalisations, visibles de nos jours.

ENGLISH SUMMARIES (Traduction de Patricia Stirnemann)

The castle of Bois-Sire-Amé, Jean-Pierre Adam, Nicolas Faucherre, Jean Mesqui, Armelle Querrien

The primary interest of Bois-Sire-Amé, a jagged ruin south of Bourges, relates to the exemplary history of the displacement of the castle site to the edge of a wood, without any topographical constraint, and the successive adoption of two castle models : a frontal fortress in an unstable zone changed into a withdrawn folly, a motte with two enclosed courts transformed into a country palace for an urban upstart. Contrary to traditional thought, the castle was built from scratch not around the 1440s as an amorous hideaway for Agnès Sorel and Charles VII, but at the beginning of the 15th century for one of the maîtres d’hôtel of Jean de Berry, Jacquelin V Trousseau. Closely related stylistically to the great ducal constructions at Bourges and Mehun, Bois-Sire-Amé is an extraordinary testimony to the ambitions of an officer of the ducal court and his new family position ; it was conceived as an homage to his wife, Philippe de la Charité, and carried out with a luxury worthy of his master.

Antoine Le Rupt : the itinerary of an architect/sculptor of ornament (c. 1490-c. 1570) in Burgundy and Franche-Comté by Jean-Pierre Jacquemart.

Four doctoral theses and new studies by the author have reconstructed the life of a provincial mason in eastern France, Antoine Le Rupt, over sixty years. The archives and buildings on which he worked in Dijon, Auxonne, Gray, Dole and Pesmes sketch a career, a reputation, a style and a temperament. Over the years 1508-1565, the working methods, conceptions and more generally the Burgundian and Franc-Comtoise aesthetic take on clarity among the artistic centres in northern France. Antoine Le Rupt, a mason, sculptor and master of the works, appears profoundly marked by the flamboyant Gothic art in Lorraine, in the vicinity of Nancy. He is one of the rare artisans of the time whose career presents such a large series of commissions, still visible today.

DEUTSCHE ZUSAMMENFASSUNG (Traduction de Pierre Steimer)

Das Schloss von Bois-Sire-Amé, von Jean-Pierre Adam, Nicolas Faucherre, Jean Mesqui und Armelle Querrien

Die Bedeutung der ausgezackten Ruine des Schlosses von Bois-Sire-Amé im Süden der Stadt Bourges liegt besonders in seiner Baugeschichte : Ohne dass es topographisch zwingend war, wurde eine Burganlage von einem Waldrand an einen anderen verpflanzt, wobei sukzessive zwei verschiedene Baukonzeptionen verwirklicht wurden : zunächst eine Grenzfestung in einer unruhigen Region und dann eine zurückgezogene „folly“, also ein extravagantes Lustschloss, zunächst eine Erdhügelburg mit zwei äußeren Höfen und dann ein Landpalais für urbane Emporkömmlinge. Das Gebäude wurde ex nihilo errichtet und zwar nicht, wie bisher allgemein angenommen um 1440, als Liebesnest für Agnès Sorel und Karl VII., sondern Jacquelin V. Trousseau, Haushofmeister von Jean de Berry ließ es in stilistisch starker Nähe zu den großen Bauprojekten der Herzöge von Bourges und Mehun an der Wende zum 15. Jhd. errichten. Somit legt das Schloss von Bois-Sire-Amé ein außergewöhnliches Zeugnis ab von den Ambitionen eines Offiziers am herzoglichen Hof und dessen junger dynastischer Basis. Es ist als Huldigung an Philippe de la Charité, seine Gemahlin konzipiert und mit einem Luxus ausgestattet, der den des Erbauers widerspiegelt.

Antoine Le Rupt, oder der Lebensweg eines Bildhauerarchitekten (um 1490 – um 1570) im Herzogtum und in der Freigrafschaft Burgund, von Jean-Pierre Jacquemart

Vier Doktorarbeiten und neue Thesen des Autors versetzen uns in die Lage, den etwa sechzigjährigen Lebenslauf des Antoine Le Rupt, eines Maurers aus den östlichen Provinzen Frankreichs nachzuzeichnen. Archive und Bauwerke, an denen der Handwerker seinen Beitrag geleistet hat, so in Dijon, Auxonne, Gray und Pesmes, lassen eine Karriere sichtbar werden, aber auch ein Ansehen, einen Stil, und ein Temperament. Zwischen 1508 und 1565 zeichnen sich auch Arbeitsmethoden klarer ab, sowie die Konzeptionen der beteiligten Akteure und, ganz allgemein, die Ästhetik in den burgundischen Regionen innerhalb der nordfranzösischen Kunstzentren. Antoine Le Rupt war Maurer, Bildhauer und Baumeister und zeigt sich als solcher sichtlich geprägt von der lothringischen Spätgotik der Umgebung von Nancy. Er ist einer der seltenen Handwerker dieser Zeit, dessen Berufslaufbahn eine solche Anzahl von Werken aufzeigt, die auch heute noch sichtbar sind.

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