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BM 167-4 2009

Ce numéro de Varia comporte quatre articles et les rubriques habituelles (actualités, chronique et bibliographie). Il est précédé d’un hommage à Anne Prache, récemment disparue, qui fut un membre très actif et très apprécié du conseil d’administration de la Société française d’archéologie.

ARTICLES

- Hommage à Anne Prache (1931-2009)
- Les peintures murales de l’église de Gimel. Éléments d’analyse, par Claudine Delcroix-Landry
- Un présent royal indésirable : l’ex-voto de la victoire de Rhodes en 1480 à Notre-Dame de Paris, par Étienne Hamon
- Note sur l’inscription latine du tableau du Siège de Rhodes, conservé à Épernay, par Laurent Vissière
- Rhodes et ses monuments au temps des chevaliers de Saint-Jean de Jérusalem. Notes de travail, par Jean-Bernard de Vaivre

MÉLANGES

- La représentation d’un lot d’outils de taille de pierre dans le cloître de Saint-Honorat (îles de Lérins), par Jean-Claude Bessac et Yann Codou

légende photo

ACTUALITÉ

- Calvados. Bayeux. Une plaque de chancel carolingien (Florence Delacampagne et Xavier Savary)
- Loiret. Orléans. La salle des Thèses, 2, rue Pothier, bibliothèque de l’université médiévale (Clément Alix et Julien Noblet)
- Maine-et-Loire. Angers. Une charpente du XIIIe siècle, ornée d’un décor peint héraldique, dans l’aile de paléontologie du muséum, place Louis-Imbach (Olivier Biguet et Dominique Letellier-d’Espinose)
- Suite de la publication des dessins de Léo Drouyn (Pierre Garrigou Grandchamp)

CHRONIQUE

- Architecture médiévale, XIe-XVe siècle. La crypte de Saint-Pierre de Mozac (Puy-de-Dôme) (Laurence Cabrero-Ravel). — L’église romane de Feldbach (Bas-Rhin) (Éliane Vergnolle). — Du nouveau sur la diffusion des mâchicoulis sur consoles (Nicolas Faucherre)— Maîtresse tour, château archiépiscopal et coseigneurie dans le Midi de la France (Pierre Garrigou Grandchamp).—Architecture civile à Rhodes au XVe-XVIe siècle (Pierre Garrigou Grandchamp)
- Chantiers, XVe-XVIe siècle. Chantiers d’architecture à Bourges, XVe et XVIe siècle (Étienne Hamon)
- Architecture et jardins, XVIIe siècle. Les jardins du château neuf de Saint-Germain-en-Laye sous Henri IV (Françoise Boudon)
- Architecture religieuse, XXe siècle. L’esprit de Vatican II en Aquitaine : l’église Saint-Esprit à Lormont (Gironde) (Antoine Le Bas)
- Histoire des villes. Espace et hiérarchie des villes dans le royaume latin de Jérusalem (Michel Balard)
- Peinture et vitrail. La galerie du château d’Oiron à nouveau restaurée (Deux-Sèvres) (Bertrand Jestaz). — Quelques précisions sur le vitrail monumental à Strasbourg vers 1750 (Françoise Gatouillat)
- Iconographie, XIe-XIIe siècle. La bataille d’Antioche dans l’église de Poncé-sur-le-Loir (Sarthe) (Yves Christe). — Une restitutio crucis singulière dans un sacramentaire du Mont-Saint-Michel (Yves Christe). — La chapelle Saint-Theudère et son décor dans l’église Saint-Chef-en-Dauphiné (Isère) (Yves Christe). — Marginalia et registres de justice : typologie, contexte, enjeux (Christian Heck).
- Revue des revues. Yvelines. Revue des Amis du Musée-Promenade de Marly le Roi-Louveciennes. — Yvelines. Le Bulletin des Amis du Vieux Saint-Germain. — Haute-Loire. Cahiers de la Haute-Loire, Revue d’études locales. — Revue Histoire urbaine (Dominique Hervier)

BIBLIOGRAPHIE

- Histoire de l’art. Philippe Lorentz (dir.), Strasbourg 1400. Un foyer d’art dans l’Europe gothique (Albert Châtelet). — Jérôme Baschet, L’iconographie médiévale (Yves Christe). — Frédéric Cousinié, Images et méditation au XVIIe siècle (Marianne Cojannot-Le Blanc)
- Architecture. Daniel Mouton, Mottes castrales en Provence. Les origines de la fortification privée au Moyen Âge (Jean Mesqui). — Dany Barraud, Florent Hautefeuille, Christian Rémy (éd.), Résidences aristocratiques, résidences du pouvoir entre Loire et Pyrénées, Xe-XVe siècles. Recherches archéologiques récentes, 1987-2002 (Benjamin Michaudel). — Hervé Mouillebouche, Chastels et maisons fortes en Bourgogne, II-2008 (Jean Mesqui). — Yves Heningfeld, Amaury Masquilier (dir.), Archéologie des enceintes urbaines et de leurs abords en Lorraine et en Alsace (XIIe-XVe siècle) [Jean Mesqui]. — Gérard Giuliato, Châteaux et villes fortes du comté de Vaudémont en Lorraine médiévale (Jean Mesqui).— Anne-Marie Flambard-Héricher, Le château Ganne. Premiers résultats de la fouille archéologique (Jean Mesqui). — Barbara S. Bowers (éd.), The Medieval Hospital and Medical Practice (Nicole Brocard).— Isabelle Warmoes et Victoria Sanger (dir.), Vauban, bâtisseur du Roi-Soleil (André Charbonneau).— Bertrand Jestaz, Jules Hardouin-Mansart (Jörg Garms). — Daniel Rabreau et Sandra Pascalis (éd.), La nature citadine au siècle des Lumières. Promenades urbaines et villégiatures (Frédérique Baehr)
- Peinture. Simone Piazza, Pittura rupestre medievale. Lazio e Campania settentrionale (secoli VI-XIII) (Véronique Rouchon Mouilleron). —Jérôme Fronty, Un poisson dans le plafond. L’étrange « bestiaire » médiéval du musée de Metz (Pierre Garrigou Grandchamp).
- Sculpture. Anne Autissier, La sculpture romane en Bretagne. XIe-XIIe siècle (Évelyne Proust). — Jacques Lacoste, Les maîtres de la sculpture romane dans l’Espagne du pèlerinage à Compostelle (Marie-Thérèse Camus)
- Divers. Ann Terry et Henry Maguire, Dynamic Splendor. The Wall Mosaics in the Cathedral of Eufrasius at Poreč (Catherine Jolivet-Lévy). — Frédéric Épaud, De la charpente romane à la charpente gothique en Normandie. Évolution des techniques et des structures de charpenterie aux XIIe-XIIIe siècles (Jean-Yves Hunot). — Martine Diot, Cheminées, étude de structures du Moyen Âge au XVIIIe siècle (Béatrice Remoissenet). — André Mathys (éd.), La voie romaine Bavay-Tongres. 145 km d’héritage (Jean Mesqui)

RÉSUMÉS ANALYTIQUES

Les peintures murales de l’église de Gimel. Éléments d’analyse, par Claudine Delcroix-Landry

L’église Saint-Pardoux de Gimel-les-Cascades (Corrèze) a livré récemment un ensemble de peintures murales situées dans le chevet qui avaient été masquées au XVIIIe siècle par un retable. Cette église, siège d’un important archiprêtré, faisait partie du diocèse de Limoges avant d’être rattachée à celui de Tulle en 1822. La stratigraphie de ce décor peint est d’une grande complexité. La restauration (2006-2007) a mis en valeur les peintures les mieux conservées, un Saint Antoine et une Trinité à gauche de la baie, une Annonciation et un saint militaire à droite. Le Saint Antoine, reconnaissable à ses attributs traditionnels, est une image de dévotion comme il en existe de nombreuses à la fin du Moyen Âge ; la Trinité, sous la forme du Trône de Grâce, pourrait dater de la fin du XIVe ou du début du XVe siècle. Quant à l’Annonciation, elle est tributaire d’un modèle très répandu dans les livres d’heures parisiens de la fin du XVe siècle.

Un présent royal indésirable : l’ex-voto de la victoire de Rhodes en 1480 à Notre-Dame de Paris, par Étienne Hamon

La victoire de Rhodes en août 1480 offrit un bref répit à l’Europe chrétienne dans sa lutte contre les Turcs. Relayant la propagande de l’ordre des Hospitaliers, le roi de France Louis XI décida, quelques mois avant sa mort en 1483, d’offrir à Notre-Dame de Paris un monument commémoratif de cet événement. Les textes connus renvoyaient de cette affaire un écho confus. Des délibérations en partie inédites du chapitre de Notre-Dame font connaître la véritable nature de l’ex-voto : une statue sans doute royale accompagnée d’un tableau représentant le siège de l’île. Elles désignent aussi le véritable commanditaire de cette peinture, Antoine d’Aubusson, frère du grand maître des hospitaliers Pierre d’Aubusson, et elles témoignent des réticences des chanoines à l’accrocher dans l’église malgré l’insistance de Charles VIII et de ses proches. Le sort du tableau, renvoyé en 1487, reste mystérieux mais une série d’indices invite à l’identifier à l’une des plus énigmatiques peintures françaises du dernier quart du XVe siècle qui soient conservées, la grande vue du siège de Rhodes de l’hôtel de ville d’Épernay.

Note sur l’inscription latine du tableau du Siège de Rhodes, conservé à Épernay, par Laurent Vissière

Un tableau du XVe siècle, conservé à la mairie d’Épernay, présente de manière synchronique les péripéties du siège de Rhodes par les Turcs et la défense victorieuse des Hospitaliers durant l’été 1480. La longue inscription latine qui décrit l’affaire mérite une attention particulière. Rarement citée et jamais de manière correcte, elle reprend en les adaptant quelques formules extraites de la plus célèbre des relations du siège, la Descriptio obsidionis Rhodie de Guillaume Caoursin – un texte largement diffusé par l’imprimerie au début des années 1480.

ENGLISH SUMMARIES
(Traduction Patricia Stirnemann)

An analysis of the wall paintings in the church at Gimel, by Claudine Delcroix-Landry

Several paintings in the chevet of the church of Saint-Pardoux at Gimel-les-Cascades (Corrèze) had been hidden since the eighteenth century by a retable and have recently been made visible. The church, the seat of an important deanery, was part of the diocese of Limoges before being attached to that of Tulle in 1822. The stratigraphy of this painted decoration is highly complex. The restoration undertaken in 2006-2007 benefitted the best preserved paintings, a Saint Anthony and a Trinity on the left of the bay, an Annunciation and a military saint on the right. The Saint Anthony, recognizable by the traditional attributes, is a devotional image comparable to so many others from the end of the Middle Ages ; the Trinity is a Trône de Grâce which may date from the late fourteenth or early fifteenth century. As for the Annunciation, it follows a model that circulated widely in Parisian books of hours at the end of the fifteenth century.

An undesirable royal present : the ex-voto of the victory of Rhodes in 1480 at Notre-Dame de Paris, by Étienne Hamon

The victory at Rhodes in August 1480 offered Christian Europe a brief respite in its struggle against the Turks. Relaying propaganda from the Hospitaller Order, King Louis XI of France decided a few months before his death in 1483 to offer a monument commemorating the event to Notre-Dame de Paris. The hitherto known texts give a confusing echo of the affair. The deliberations of the chapter of Notre- Dame, published only in part, reveal the true nature of the ex-voto : a statue, probably a king, accompanied by a painting representing the siege of the island. The documents identify the actual patron of the painting as Antoine d’Aubusson, brother of the grand maître of the Hospitallers, Pierre d’Aubusson, and they make clear the reluctance of the canons to hang the picture in the church, despite the insistence

Note on the Latin inscription in picture of the Siege of Rhodes, housed in Épernay, by Laurent Vissière

A fifteenth-century painting presently hanging in the town hall in Épernay gives a synchronic depiction of the changes in fortune in the siege of Rhodes by the Turks during the year 1480 and its victorious defence by the Hospitallers. A long Latin inscription that describes the events merits particular attention. Rarely transcribed, and never correctly, it cites in adapted form extracts from the most famous account of the siege, the Descriptio obsidionis Rhodie by Guillaume Caoursin, a text that was printed and widely distributed at the beginning of the 1480s.

DEUTSCHE ZUSAMMENFASSUNG
(Traduction Andreas Curtius)

Die Wandmalereien der Kirche von Gimel : Elemente der Analyse, von Claudine Delcroix-Landry

In der Kirche Saint-Pardoux in Gimel-les-Cascades (Corrèze) wurde vor kurzem im Chor eine Reihe von Wandmalereien entdeckt, die im 18. Jahrhundert durch einen Altar verdeckt worden waren. Diese Kirche, Sitz einer bedeutenden Erzpfarrei, gehörte zum Bistum Limoges, bevor sie 1822 dem von Tulle zugeschlagen wurde. Die Stratigraphie dieser Wand malereien ist von großer Komplexität. Die Restaurierung (2006–2007) hat die am besten erhaltenen Malereien neu zur Geltung kommen lassen, einen heiligen Antonius und eine Trinitätsdarstellung links des Fensters, sowie eine Verkündigung und einen Ritterheiligen rechts. Der hl. Antonius, an seinen traditionellen Attributen erkennbar, ist ein Andachtsbild, wie es derer am Ende des Mittelalters viele gibt ; die Trinität in der Form des Gnadenstuhles könnte ans Ende des 14. oder ins frühe 15. Jahrhundert zu datieren sein. Die Verkündigung hingegen geht auf einen Typus zurück, der in den Pariser Stundenbüchern vom Ende des 15. Jahrhunderts sehr verbreitet war.

Ein unerwünschtes königliches Geschenk : das Votivbild zum Sieg von Rhodos 1480 in Notre-Dame zu Paris, von Étienne Hamon

Der Sieg von Rhodos im August 1480 gewährte dem christlichen Europa in seinem Kampf gegen die Türken eine kurze Atempause. Sich der Propaganda des Johanniterordens anschließend, beschloss der König von Frankreich Ludwig XI. einige Monate vor seinem Tod 1483, der Kirche Notre-Dame zu Paris ein Erinnerungsdenkmal an dieses Ereignis zu stiften. Die bekannten Texte spiegeln ein gemischtes Echo auf diese Angelegenheit wider. Die zum Teil noch nicht edierten Beschlüsse des Domkapitels von Notre-Dame zeigen die wahre Natur dieser Votivstiftung : eine zweifellos königliche Statue in Begleitung eines Tafelbildes, das die Belagerung der Insel zeigt. Sie nennen auch den wirklichen Auftraggeber dieses Gemäldes, Antoine d‘Aubusson, den Bruder des Großmeisters der Johanniter, Pierre d’Aubusson, und legen auch Zeugnis ab vom Zögern der Domherren, es in der Kirche aufzuhängen, trotz des Drängens von Karl VIII. und seiner Vertrauten. Das Schicksal des Bildes, das 1487 entfernt wurde, bleibt mysteriös, aber Reihe von Indizien laden dazu ein, es mit einem der rätselhaftesten erhaltenen Gemälden des letzten Viertels des 15. Jahrhunderts zu identifizieren, der großen Ansicht der Belagerung von Rhodos im Rathaus von Épernay.

Bemerkung über die lateinische Inschrift des Gemäldes der Belagerung von Rhodos in Épernay, von Laurent Vissière

Ein Gemälde des 15. Jahrhunderts, das sich im Rathaus zu Épernay befindet, zeigt in simultaner Anordnung die Ereignisse der Belagerung von Rhodos durch die Türken und die siegreiche Verteidigung der Johanniter im Sommer 1480. Die lange lateinische Inschrift, die das Geschehen beschreibt, verdient eine besondere Aufmerksamkeit. Nur selten zitiert und wenn, dann nie korrekt, übernimmt sie, sie gleichzeitig anpassend, einige Formulierungen aus dem berühmtesten Bericht, der über die Belagerung existiert, der Descriptio Obsidionis Rodie des Guillaume Caoursin, ein Text, der zu Beginn der 1480er Jahre durch den Buchdruck sehr weite Verbreitung fand.

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