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BM 173-4 2015

Ce numéro comporte notamment trois articles l’un de Niel Stratford porte sur un célèbre chapiteau roman du Berry, celui de la collégiale de Plainpied, suivi par l’étude de Terrence Le Deschault de Morondon sur un ensemble de peintures murales civiles de l’époque gothique, remarquable par son programme iconographique, la tour Ferrande à Pernes-les-Fontaines et par un article de Caroline Simonet sur le remploi d’intailles antiques dans les sceaux du Moyen Âge

Articles

- Le chapiteau de la Tentation du Christ à Plaimpied revisité, par Neil Stratford

- La tour Ferrande à Pernes-les-Fontaines (Vaucluse) : nouvelle lecture du programme iconographique, par Térence Le Deschault de Monredon

- Le nu antique sur les sceaux du Moyen Âge : le remploi d’intailles (fin XIIe-milieu du XIVe siècle), par Caroline Simonet

Mélanges

Beatus : un bilan des études sur son commentaire de l’Apocalypse depuis 1976, par Yves Christe

Actualité

Indre-et-loire. Villeloin-Coulangé. Un portail d’église du XIIe siècle conservé à New York enfin identifié (Franck Tournadre)
Jura. Le château de Chaux-des-Crotenay : résultats des fouilles archéologiques 2012-2014 (Stéphane Guyot)
Loire-Atlantique. Nantes. église des Cordeliers : nouvelles perspectives de recherches (Maïlys Lallauret)

Chronique

Sources iconographiques. À propos du « portrait d’auteur » : modèles, transmission et invention de la fin de l’Antiquité à l’époque romane (Christian Heck). — La façade de Saint-Gilles-du-Gard à la lumière de Rupert de Deutz (Yves Christe)
Reliques, œuvres et mobilier liturgiques. « La querelle des reliques n’a pas eu lieu » (Jean Wirth). — Mobilier liturgique dans les églises de Midi-Pyrénées (Dominique Hervier). — Retour sur la présentation muséale des objets sacrés (Marie-Hélène Didier)
Polychromie et sculpture. « La polychromie de la sculpture : technique et histoire de l’art (Géraldine Victoir). — Lapicides anglais et sculpture avignonnaise au XIVe siècle (Michèle Pradalier-Schlumberger). — Sculpture médiévale en France, le gisant de l’évêque Nicolas de Toulon (Jean-Bernard de Vaivre)
Architecture monastique et léproseries. L’eau dans le prieuré de la cathédrale de Canterbury : l’œuvre du prieur wibert (Sandrine Conan). — Léproseries organisées au Moyen Âge (Pierre Garrigou Grandchamp)
Architecture civile en Italie. Les tours du Val d’Aoste XIe-XIIe siècle (Pierre Garrigou Grandchamp)
Renaissance tardive. Strasbourg : les pilastres galbés de l’Œuvre Notre-Dame (1582) [Jean Guillaume]
Architecture. XXe siècle. Au Cap d’Ail, un décor héllénisant et belliqueux (Françoise Hamon). — Sciences religieuses et architecture au début du XXe siècle (Anne-Marie Châtelet)

Bibliographie

Histoire des villes. Jean Mesqui, Césarée maritime. Ville fortifiée du Proche-Orient (Pierre Garrigou Grandchamp)
Architecture médiévale. Christian Sapin, Les cryptes en France. Pour une approche archéologique,IVe-XIIe siècle (Christian Gensbeitel). — Tancredi Bella, La basilica di Sant’Ambrogio a Milano. L’opera inedita di Fernand de Dartein (Antonio Brucculeri). — Thomas Biller, Templerburgen (Jean Mesqui)
Châteaux et Palais. Christian Trézin, Grignan. Les mutations d’un château provençal (XIe-XVIIIe s.). Du castellum au palais d’Apolidon (Jean Mesqui). — Jean-Yves Dufour, (dir.), Le château de Roissy-en-France (Val-d’Oise). Origine et développement d’une résidence seigneuriale du pays de France (XIIe-XIXe siècle) [Jean Mesqui]. — Sara Galletti, Le Palais du Luxembourg de Marie de Médicis, 1611-1631 (Emmanuel Lurin)
Vitrail. Uwe Gast, Die mittelalterlichen Glasmalereien in Oppenheim, Rhein- und Südhessen (Christine Hediger)
Divers. Sylvie Le Clech-Charton, Les Vies de Jacques Amyot. étude commentée de documents inédits (Marie Madeleine Fontaine). — Frédéric Tixier, La monstrance eucharistique. Genèse, typologie et fonctions d’un objet d’orfèvrerie (XIIIe-XVIe siècle) [Christine Descatoire]
Livre reçu. Nelly Blava et Nicolas Bru, Le mobilier des églises du Moyen Âge dans le Lot

Résumés analytiques

Le chapiteau de la Tentation du Christ à Plaimpied revisité, par Neil Stratford

Depuis la publication du chapiteau de la Tentation du Christ par Paul Deschamps, en 1932, l’existence d’étroites relations entre cette œuvre et les chapiteaux de Nazareth a été universellement admise. Ici, l’étude de ce chapiteau ainsi que celle d’autres fragments récemment découverts à Plaimpied (provenant peut-être du cloître ?) est replacée dans l’histoire de la construction de l’église abbatiale ; une datation dans le second quart ou le milieu du XIIe siècle est confirmée par une charte et par diverses épithaphes conservées dans l’église. Les sources stylistiques du sculpteur doivent être recherchées dans la moyenne vallée du Rhône – il faut ajouter à son corpus le tympan mutilé de Saint-Médard-en-Forez. Un appendice fait le point sur la question des fameux chapiteaux de Nazareth. La curieuse fortune posthume que connut le chapiteau de Plaimpied au moment de la publication de l’article de Paul Deschamps n’est pas dénuée d’intérêt : il servit alors de modèle à trois ivoires et un bas-relief, tous des faux flagrants.

La tour Ferrande à Pernes-les-Fontaines (Vaucluse) : nouvelle lecture du programme iconographique, par Térence Le Deschault de Monredon

La tour Ferrande à Pernes-les-Fontaines (Vaucluse) abrite un des décors peints historiés civils les mieux conservés et les plus complets du xive siècle en France. Le commanditaire, membre de la puissante famille provençale des Baux, a fait représenter dans la tour de son hôtel particulier un cycle complexe dont le thème principal est la conquête du royaume de Sicile par Charles d’Anjou, à laquelle prirent part deux seigneurs des Baux. D’autres sujets (historiques, épiques, moraux) viennent s’adjoindre à cette première thématique pour créer un programme iconographique complexe, comportant plusieurs plans narratifs qui se complètent et se répondent pour composer une série d’exemples et de contre-exemples. Grâce à de nouvelles découvertes dans les domaines héraldique et iconographique, le présent article propose également de mettre un nom sur le commanditaire de cet ensemble et d’en préciser la date de réalisation.

Le nu antique sur les sceaux du Moyen Âge : le remploi d’intailles (fin XIIe-milieu du XIVe siècle), par Caroline Simonet

Dès le XIIe siècle, certaines matrices sigillaires furent serties d’intailles ou camées antiques figurant des nus. Loin de se limiter aux élites, cet usage a touché un large éventail social jusqu’au milieu du XIVe siècle où il a brusquement décliné. La présence de personnages féminins dénudés a souvent été remarquée sur les sceaux du clergé. Pourtant les figures masculines furent prédominantes tant sur les matrices des laïcs que sur celles des clercs. Dans la plupart des cas, on ne peut déterminer le degré de compréhension de cette iconographie antique par l’homme du Moyen Âge. Quelques sceaux toutefois révèlent que certains sigillants avaient une connaissance approfondie des classiques. Ces gemmes sigillaires étaient le signe d’un haut degré de culture qui ne se limitait pas à une dimension religieuse ou courtoise mais englobait l’Antiquité, certes appréhendée avec les mentalités, les goûts et les usages du Moyen Âge mais néanmoins parfaitement distinguée de la production contemporaine.

English Summaries

The Temptation of Christ at Plaimpied revisited, by Neil Stratford

Since Paul Deschamps published the capital of the Temptation of Christ in 1932, the close stylistic relationship to the Nazareth capitals has been universally recognised. Here, the capital and other newly discovered fragments at Plaimpied (perhaps from the cloister ?) are examined in terms of the sequence of building of the abbey church ; a date in the second quarter or middle years of the twelfth century is proposed on the basis of a charter and surviving epitaphs. The sources of the sculptor’s style can be found in the Middle Rhône valley and a mutilated tympanum at Saint-Médard-en-Forez is added to his portofolio. An appendix presents a critique of the state of the question in relation to the famous capitals at Nazareth. A curious afterlife around the time of the appearence of Deschamps article is not without interest : it inspired three ivories and a bas-relief, all evidently fakes.

The Tour Ferrande at Pernes-les-Fontaines (Vaucluse) : a new reading of the iconographic program, by Térence Le Deschault de Monredon

The Tour Ferrande at Pernes-les-Fontaines (Vaucluse) houses one of the best preserved and most complete cycles of secular wall-painting from fourteenth-century France. The patron, a member of the powerful Provencal Baux family, had painted in the tower of his mansion a complex history that revolves around the theme of the conquest of Sicily by Charles d’Anjou, in which two of the Baux knights took part. Other historical, epic, and moralizing subjects are introduced, creating a complex program with several complementary narrative levels threaded in a series of examples and counter-examples. New heraldic and iconographic discoveries have led in this article to the possible identification of the patron and the date of execution of the paintings.

The classical nude on medieval seals : the reuse of intaglios (late 12th century to mid-14th century), by Caroline Simonet

During the twelfth century, some matrixes for seals were set with antique intaglios or cameos with nude figures. This practice was not restricted to the elite, but touched a broad spectrum of society until the mid-fourteenth century, when it rapidly declined. The presence of female nudes has often been noted on clerical seals, although male nudes predominate on both lay and clerical matrixes. In most cases the degree of understanding of this iconography by medieval society cannot be determined. Some seals, however, reveal a deep knowledge of the classics. These seals were a sign of a high degree of culture that went beyond the religious and courtly dimension and encompassed Antiquity, obviously from the point of view and mentality of medieval taste and usage, but nonetheless quite distinct within contemporary production.

Deutsche Zusammenfassung

Das Kapitell der Versuchung Christi in neuer Sicht, von Neil Stratford

Die enge Beziehung zwischen dem Kapitell der Versuchung Christi von Plainpied und den Kapitellen von Nazareth wird seit dem von Paul Deschamps 1932 veröffentlichten Artikel allgemein anerkannt. Die hier vorliegende Analyse des Kapitells sowie anderer, kürzlich in Plainpied entdeckter Fragmente (vielleicht aus dem Kreuzgang stammend ?) fügt diese Elemente in die Baugeschichte der Abteikirche ein ; eine Urkunde sowie diverse Epitaphien bestätigen eine Datierung ins zweite Viertel oder in die Mitte des 12. Jhs. Die stilistischen Quellen des Bildhauers sind im mittleren Rhonetal zu orten – zu seinem Werk zählt sicher auch das Tympanon von Saint-Médard-en-Forez. Der Anhang enthält einen Forschungsbericht zu den berühmten Kapitellen von Nazareth. Auch das seltsame Schicksal das dem Kapitell von Plainpied zur Zeit der Veröffentlichung von Paul Deschamps widerfahren ist, verdient Beachtung : es diente nämlich als Modell für drei Elfenbeinschnitzereien und ein Flachrelief – allesamt Fälschungen.

Der Turm « Ferrande » in Pernes-les-Fontaines (im Departement Vaucluse) und sein ikonographisches Programm, neu interpretiert von Térence Le Deschault de Monredon

Der Turm « Ferrande » in Pernes-les-Fontaines im Departement Vaucluse besitzt einen der besterhaltenen und vollständigsten Zyklen ziviler Historienmalereien des 14. Jhs. in Frankreich. Der Auftraggeber, ein Angehöriger der mächtigen provenzalischen Dynastie der Beaux hat im Turm seiner Privatresidenz einen komplexen Malereizyklus erstellen lassen, dessen Hauptthema die Eroberung Siziliens durch Karl von Anjou ist, und an der zwei der Herren von Beaux Anteil hatten. Weitere Themen, historischer, epischer oder moralischer Natur erweitern diese Thematik und es entsteht ein vielschichtiges ikonographisches Programm, das mehrere sich einander ergänzende und aufeinander bezugnehmende Erzählstränge bietet und eine Reihe von Beispielen und Gegenbeispielen erzeugt. Dank neuer Entdeckungen auf dem Gebiet der Heraldik und der Ikonographie schlägt der Autor für den Auftraggeber einen Namen vor und präzisiert die Entstehungszeit des Ensembles.

Antike Nacktdarstellungen auf mittelalterlichen Siegeln und die Wiederverwendung von Gemmen vom Ende des 12. bis in die Mitte des 14. Jhs., von Caroline Simonet

Seit dem 12. Jh. dienten manche Siegelmatrizen als Fassung für Gemmen oder Kameen mit antiken Nacktdarstellungen. Dieser Brauch war keineswegs der Elite vorbehalten, denn bis zur Mitte des 14. Jhs. betraf er ein breites soziales Spektrum. Dann aber nahm er rasch ab. Auf Darstellungen entblößter Frauen auf Siegeln des Klerus wurde schon häufig hingewiesen. Männliche Darstellungen waren jedoch vorherrschend, sowohl auf den Matrizen von Laien als auch von Klerikern. In den meisten Fällen ist das Maß an Verständnis des mittelalterlichen Menschen für diese antike Ikonographie nicht zu bestimmen. Jedoch bekunden manche Siegel, dass ihre Hersteller profunde Kenntnisse der klassischen Antike besaßen. Diese Siegelgemmen zeugen von einem hohen Bildungsgrad, der sich nicht nur auf die religiöse oder höfische Dimension beschränkte, sondern der auch die Antike einschloss. Diese wurde zwar über Mentalität, Geschmack und Brauch des Mittelalters wahrgenommen, jedoch unterschied man sie deutlich von der zeitgenössischen Produktion.

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