BM 173-3 2015

La cathédrale de Chartres. Nouvelles découvertes

Après un premier numéro spécial du Bulletin Monumental consacré en 2010 au chantier de restauration intérieure de la cathédrale Notre-Dame de Chartres, la Direction régionale des Affaires culturelles du Centre-Val de Loire est heureuse d’apporter de nouveau son soutien à ce deuxième numéro spécial qui contribue à la valorisation scientifique d’un chantier d’exception. Chantier d’exception, celui de Chartres l’est d’abord par les financements tout à fait conséquents et suivis que la DRAC a décidé de consacrer à cet édifice insigne, classé au titre des Monuments historiques sur la liste de 1862 et parmi les premiers monuments classés au patrimoine mondial par l’Unesco en 1979. En effet, le chantier a pu être lancé en 2008 grâce au «  plan cathédrale pour la région Centre  » mis en place par l’État et près de 14 millions d’euros lui ont été consacrés. Si le plan est parvenu à son terme en 2014, l’effort consenti par l’État ne s’est pour autant pas réduit et il se poursuit dans la durée : une nouvelle tranche de travaux, d’environ 5 millions d’euros, a ainsi été engagée pour achever la restauration de la nef d’ici la fin de l’année 2016. Il faut aussi préciser qu’à ces financements majeurs s’ajoutent également des crédits en faveur de l’entretien régulier de l’édifice ou en faveur d’opérations de conservation préventive, de restauration et de valorisation du patrimoine mobilier qu’il abrite. Le chantier de Chartres est également remarquable par son ampleur assez inaccoutumée. Les services de l’État sont en effet engagés dans un projet de restauration intérieure qui concerne la totalité de ce vaisseau de 130 mètres de long et qui s’élève à 37 mètres sous voûtes. L’intégralité de ses composantes sont par ailleurs prises en compte dans le cadre de ce chantier : parements, vitraux avec leurs remplages en pierre et la création de verrières de doublage thermoformées, peintures murales ou encore ensemble sculpté comme le tour de chœur. Chantier d’exception, celui de Chartres l’est enfin par l’écho majeur qu’il rencontre auprès de la communauté des chercheurs, des scientifiques, des historiens de l’art, mais aussi auprès des visiteurs et pèlerins de la cathédrale. La restauration intérieure contribue en effet à modifier très largement la perception que tout un chacun avait d’un monument essentiellement perçu comme sombre. Les couleurs retrouvées du décor d’origine, composé d’un enduit très clair et lumineux, et le nettoyage des vitraux qui étaient largement assombris, presque illisibles, sous les couches de poussière et de pollution, restituent aujourd’hui une ambiance de clarté qui nous était inconnue. Au-delà des impressions ressenties, ce chantier revêt également un véritable enjeu en termes d’appréhension d’une architecture gothique encore en partie méconnue tant certaines réactions laissent entrevoir l’impréparation des esprits à la redécouverte d’un tel décor. Une telle transformation, une telle métamorphose, ne peut intervenir sans un accompagnement qui s’exerce avec rigueur. C’est la mission confiée au quotidien aux agents de l’État : la Conservation régionale des monuments historiques et le Service territorial de l’architecture et du patrimoine en tant que représentants du maître d’ouvrage, l’architecte en chef des Monuments historiques en tant que maître d’oeuvre, l’Inspection générale des Monuments historiques comme accompagnement technique et scientifique. Le chantier est par ailleurs soutenu par un comité scientifique étoffé, au sein duquel s’exerce de façon collégiale le suivi des travaux et avec lequel sont faits un certain nombre de choix lorsque les exigences du chantier l’imposent. Ce comité est composé d’historiens, d’historiens de l’art, d’archéologues du bâti, de scientifiques... On soulignera en particulier l’excellent partenariat qui existe depuis plusieurs années avec le Laboratoire de recherches des Monuments historiques basé à Champs-sur-Marne (pôle pierre, pôle vitrail, pôle peintures murales). Toutes ces compétences diverses et complémentaires sont ainsi réunies pour tenter d’oeuvrer au mieux dans un projet qui exige de chacun beaucoup d’humilité et de modestie. La réussite de ce chantier repose aussi pour une très large part sur la qualité des entreprises et des restaurateurs sélectionnés dans le cadre d’appels d’offres exigeants. Ils sont le témoignage d’un patrimoine vivant que la DRAC est également heureuse de valoriser par ces travaux. Ce chantier d’exception est aussi, par le biais d’échafaudages impressionnants, une occasion majeure d’approcher au plus près l’édifice dans toute sa matérialité. Mise en oeuvre et nature de la pierre, du bois, des enduits, du plomb, des vitraux, des peintures..., tout ceci est analysé au plus près, que ce soit au sein du comité scientifique, par le biais de mémoires d’étudiants guidés par leurs professeurs des universités, par le biais d’archéologues ou de scientifiques, par le biais de restaurateurs missionnés pour telle ou telle étude. L’analyse de cette matière qui s’offre à nous est essentielle pour que nous puissions progresser vers une meilleure connaissance du monument, notamment par le biais de l’archéologie du bâti. C’est la raison pour laquelle un lot spécifique est désormais intégré aux appels d’offres des différentes phases de la restauration intérieure. Au-delà de la connaissance, l’enjeu majeur est aussi que cette méthode d’analyse, intégrée au cœur même du chantier, serve les choix et partis de restauration en cours de travaux.

Sans qu’il soit possible de dresser aujourd’hui un bilan définitif de toutes les observations rendues possibles par le chantier, on peut d’ores et déjà souligner le fait qu’elles concourent à préciser notre connaissance du monument et les approches essentiellement stylistiques développées jusque-là. Elles ont par ailleurs permis de réelles découvertes, parfois majeures. Ainsi en est-il de la polychromie des clés de voûtes, notamment du chœur, de celle des travées occidentales imitant des vitraux, ou encore de celle du triforium. La présence d’une polychromie médiévale sur les colonnes de ce dernier était en effet jusque-là inconnue et elle renouvelle là encore de façon capitale notre approche de l’édifice et de son décor polychrome.

Après la tenue d’un colloque organisé par la DRAC en novembre 2014 et qui a réuni près de 400 personnes, je ne peux que me réjouir de la parution de ce Bulletin qui sensibilisera un large public à ce chantier.

Articles

Marie-Paule Arnauld (1946-2015), par Jacqueline Sanson

Jürgen Michler (1936-2015) et Chartres, par Peter Kurmann

La cathédrale de Chartres. Nouvelles découvertes. Introduction, par Sylvie Le Clech

La façade et les travées occidentales de la cathédrale de Chartres : nouveaux apports de l’archéologie du bâti, par Pierre Martin

Les chapiteaux de la tour nord de la cathédrale de Chartres, par Léa D’Hommée-Kchouk

Polychromie architecturale et vitraux « en trompe-l’œil » de la cathédrale de Chartres, par Irène Jourd’heuil avec la contribution d’Emmanuelle Boissard

Actualité

Alpes-de-Haute-Provence. Esparron de Verdon. étude interdisciplinaire de la fonction résidentielle et militaire du château (XIIIe-XVIIIe siècle) [Mathieu Vivas]

Moselle. Metz. Chanoine et chevalier : une verrière de la Renaissance identifiée à la cathédrale (Guillaume Frantzwa)

Belgique. Dinant. Réévaluation des restaurations entreprises par les architectes Léopold Schoonejans, Jules-Jacques Van Ysendyck et Auguste Van Assche sur la collégiale Notre-Dame (1855-1903) [Antoine Baudry]

Chronique

Construction des fondations médiévales et modernes. Les fondations des édifices, France, Italie (Andreas Hartmann-Virnich)

Polychromie, iconographie et liturgie, XIIIe siècle. Sculptures polychromes : le cas du retable de Saint-Germer-de-Fly (Oise) [Irène Jourd’heuil]

Demeures médiévales. Habitat en Limousin : extensions souterraines (Pierre Garrigou Grandchamp)

Orfèvrerie religieuse. XIVe siècle. Formes, fonctions et perception d’un type d’orfèvrerie émaillée : les tabernacles à volets (Marc Gil)

Artillerie médiévale. XVe siècle. Au son du canon : de Rhodes à Nuremberg (Pierre Garrigou Grandchamp)

Collections d’antiques. Collections municipales d’antiques, Italie médiévale et de la Renaissance (Philippe Araguas)

France, Italie.Enluminure, fresques, architecture. XVe, XVIe, XVIIe siècle. Rouages de la fabrication d’un manuscrit enluminé : une découverte aux archives du Vatican sur le siège de Rhodes (Maud Pérez-Simon). — Les Heures de Claude d’Urfé (1549), manuscrit de la Huntington Library à San Marino (États-Unis) et l’église de la Trinité-des-Monts, à Rome (Gennaro Toscano). — L’ordre ionique moderne (Alexandre Cojannot)

France, Angleterre. Historiographie du « gothic revival ». Les débuts de la polychromie architecturale en Angleterre (Alice Thomine-Berrada). — « Gothic Revival », le retour (Françoise Hamon)

Architecture religieuse. XXe siècle. Paul Tournon, un « pragmatique mystique » (Antoine Le Bas)

Domaine religieux. Restaurations, transformations. Vitraux de la Sainte-Chapelle : pour un retour au programme originel (Caroline Blondeau-Morizot). — Périls et sauvetages pour les églises de Lorraine (Françoise Hamon). — Signalement : Connaissance et mise en valeur du patrimoine vaudois Suisse) [Dominique Hervier]

Bibliographie

Histoire des villes. Judith Förstel et al., Meaux, patrimoine urbain (Christiane Roussel)

Architecture médiévale. Franklin Toker, Archaeological Campaigns Below the Florence Duomo and Baptistery, 1895-1980 (Clario Di Fabio). — Cécile Treffort et Pascale Brudy, (dir.) avec la collab. d’Anne Autissier, Monastères entre Loire et Charente (Julien Foltran)

Architecture XVIe-XVIIIe siècle. Olga Medvedkova et Emilie d’Orgeix, dir., Architectures de guerre et de paix. Du modèle militaire antique à l’architecture civile moderne (David Buisseret). — Laurent Lecomte, Religieuses dans la ville : l’architecture des Visitandines. XVIIe et XVIIIe siècles (Julien Noblet). — Basile Baudez et Dominique Massounie (éd.), Les ministres et les arts (Raphaël Tassin) — Philippe Maffre, Construire Bordeaux au XVIIIe siècle. Les Frères Laclotte, architectes en société (1756-1793) [Sophie Descat]

Architecture XIXe-XXe siècle. Françoise Bercé, Viollet-le-Duc (Laurent Baridon) — Georges et Olivier Poisson, Eugène Viollet-le-Duc, 1814-1879 (Françoise Bercé) — Damien Castel, Pierre Félix Delarue (1795-1873) architecte (Françoise Boudon)

Patrimoine. Commission technique de la cathédrale de Lausanne (éd.), Déontologie de la pierre. Stratégies d’intervention pour la cathédrale de Lausanne (Patrick Ponsot) — Jean-Michel Leniaud, Droit de cité pour le patrimoine (Françoise Hamon) — Isabelle Saint-Martin, Art chrétien/art sacré. Regards du catholicisme sur l’art, France XIXe-XXe siècle (Françoise Hamon)

Arts majeurs et arts mineurs. Colum Hourihane (éd.), From Minor to Major. The Minor Arts in Medieval Art History (Michele Tomasi) — Marion Boudon-Machuel, Maurice Brock et Pascale Charron (éd.), Aux limites de la couleur. Monochromie et polychromie dans les arts (1300-1600) [Ingrid Falque] — David Bourgarit, Jane Bassett, Francesca G. Bewer, Geneviève Bresc-Bautier, Philippe Malgouyres et Guilhem Scherf, (éd.), French Bronze Sculpture. Materials and Techniques, 16th-18th Century. Bronzes français. Matériaux et techniques de la sculpture en bronze du XVIe au XVIIIe siècle (Jacques Moulin) — Josiane Pagnon, Nîmes en joie, églises en soie (Christine Aribaud)

Manuscrits. Amanda Claridge et Ingo Herklotz, Classical manuscript illustrations (Christian Heck)

Vitrail. Hartmut Scholz, Die mittelalterlichen Glasmalereien in Nürnberg, Sebalder Stadtseite (Michel Hérold)

Iconographie. Cécile Voyer et éric Sparhubert (éd.), L’image médiévale : fonctions dans l’espace sacré et structuration de l’espace cultuel (Yves Christe) — Éléonore Fournié, L’iconographie de la « Bible historiale » (Yves Christe)

Résumés analytiques

Jürgen Michler (1936-2015) et Chartres, par Peter Kurmann

Le nom de Jürgen Michler restera lié à jamais à la cathédrale de Chartres. Cet historien de l’art allemand, l’un des premiers à se consacrer à l’étude de la polychromie architecturale des monuments du Moyen Âge, a reconstitué l’état d’origine de l’intérieur de la cathédrale de Chartres dans un article devenu célèbre, paru en 1989 dans le Bulletin Monumental. Les résultats de la recherche de Michler justifient les travaux actuellement en cours qui dégagent et comblent les lacunes de la polychromie du xiiie siècle à l’intérieur de la cathédrale de Chartres. Malheureusement, il a été impossible à Jürgen Michler d’admirer la réalisation de ces travaux basés sur ses propres recherches avant que la mort ne le surprenne au printemps dernier.

La façade et les travées occidentales de la cathédrale de Chartres : nouveaux apports de l’archéologie du bâti, par Pierre Martin

Édifice emblématique de l’histoire de l’art du Moyen Âge occidental, la cathédrale Notre-Dame de Chartres a depuis longtemps suscité des débats autour du déroulement de son chantier et de sa position dans les chronologies artistiques. La restauration de l’édifice, entreprise depuis la fin des années 2000, a offert aux spécialistes de nouvelles occasions d’études grâce à la mise en place progressive d’échafaudages, au nettoyage des élévations et à la stabilisation des vitraux. De fait, l’État a initié des analyses sur le décor, la structure et l’histoire de la cathédrale par le recours à des opérations d’archéologie du bâti. La deuxième d’entre elles, réalisée en 2010-2012, a concerné le suivi des restaurations de la façade et les deux travées occidentales de l’édifice. Il s’agissait d’établir la chronologie relative de cette zone complexe de la cathédrale, l’organisation des chantiers, de leur approvisionnement et des techniques de construction tout en les remettant dans leur contexte monumental. Si les résultats demeurent partiels en raison des contraintes propres à l’exercice de l’archéologie préventive, ils ont néanmoins considérablement enrichi la connaissance de cette partie du monument.

Les chapiteaux de la tour nord de la cathédrale de Chartres, par Léa D’Hommée-Kchouk

L’étude des chapiteaux de la tour nord a permis de préciser la chronologie de la façade occidentale de la cathédrale de Chartres, élevée entre 1134 et 1140-1145. Elle a révélé des recherches parallèles à celles du premier art gothique, l’émergence de nouvelles relations entre architecture et sculpture monumentale et mis en évidence l’importance de l’Antiquité comme modèle formel aussi bien qu’iconographique. Le retour au corinthien, conjugué aux autres emprunts à l’Antiquité que l’on observe dans la sculpture monumentale de la tour, s’inscrit dans le contexte d’une culture proprement chartraine. Si l’apport des édifices du bassin parisien est indéniable, l’influence de Chartres, de son enluminure et de sa sculpture sur l’élaboration du nouveau style ne l’est pas moins. Chartres doit désormais être considérée comme l’un des foyers artistiques les plus actifs de la première moitié du XIIe siècle. 

Polychromie architecturale et vitraux « en trompe-l’œil » de la cathédrale de Chartres, par Irène Jourd’heuil, avec la contribution d’Emmanuelle Boissard

En 2010-2012, la restauration des vitraux et des enduits des deux travées occidentales de la nef de la cathédrale de Chartres a permis la redécouverte de peintures murales simulant la présence de vitraux. L’étude archéologique menée sur ces travées a confirmé l’appartenance de ces peintures au décor original de la cathédrale élevée à partir de 1195. L’étude iconographique témoigne d’une étroite proximité avec l’ensemble vitré de l’édifice et de la volonté d’unité décorative qui a très probablement conduit à leur réalisation. En effet, la mise en œuvre des parties hautes des travées occidentales respecte le parti architectural adopté dans le vaisseau central de la cathédrale avec la mise en place de baies aveugles composées de deux lancettes couronnées d’un oculus. Si le programme peint d’origine semble avoir inclus, dans les lancettes, la représentation de grands personnages, on ne conserve néanmoins plus aujourd’hui que les peintures des oculi composées de roses polylobées à huit pétales cantonnée de huit petits quadrilobes qui reprennent très exactement le motif des baies hautes de la nef. Elles sont ornées de figures de musiciens assis sur des trônes parmi lesquels il convient sans doute de reconnaître le roi David. L’approche stylistique de ces peintures témoigne enfin de relations très étroites avec la réalisation des vitraux, en particulier avec ceux de la rose occidentale. Elle conduit à dater ces peintures dans la première ou deuxième décennie du XIIIe siècle et confirme la volonté d’unité décorative qui a présidé à la conception du décor de la cathédrale gothique.

English Summaries

Jürgen Michler (1936-2015) and Chartres, by Peter Kurmann

The name Jürgen Michler will remain forever linked with Chartres Cathedral. This historian of German art, one of the first to specialize in the study of architectural polychromy of monuments in the Middle Ages, reconstructed the original state of the interior of Chartres Cathedral in an article that has become famous, published in 1989 in the Bulletin monumental. The results of the research by Michler justify the present work in progress, which has uncovered thirteenth-century polychromy and filled in blanks in our knowledge of the interior of Chartres Cathedral. Unfortunately, it was impossible for Jürgen Michler to admire the results of this work, based on his own research, before his unexpected death last spring.

The façade and western bays of Chartres Cathedral : new contributions from the archaeology of the construction, by Pierre Martin

An emblematic edifice in the history of western art, the cathedral of Notre-Dame de Chartres has long been a subject of debate concerning the stages of work and its position in artistic chronology. The restoration of the edifice, which began in 2000, has offered specialists a new chance to study the building as scaffoldings have been progressively erected, the elevations cleaned and the windows stabilized. Consequently, the State initiated analyses of the decoration, the construction, and the history of the cathedral through archaeological research on the structure. Study of the construction, which took place in 2010-2012, accompanied restorations of the façade and two western bays of the edifice. The objective was to establish a relative chronology of that complex zone of the cathedral, and to understand the organization of the worksites, their provisioning, and techniques of construction within their monumental context. If the results remain partial because of the constraints of preventive archaeology, they have nonetheless considerably enriched our knowledge about that part of the monument.

The capitals in the north tower of Chartres Cathedral, by Léa D’Hommée-Kchouk

The study of the capitals in the north tower has helped to refine the chronology of the west façade of Chartres Cathedral, built between 1124 and 1140-1145. It has revealed inspirations that run parallel to the search for early gothic forms and shows the importance of classical antiquity as a formal and iconographic model. The return to the Corinthian, combined with other borrowings from antiquity that are observed in the monumental sculpture of the tower, belong to the context of Chartrain culture. If the contribution from buildings in the Parisian basin is undeniable, the influence of Chartres, its illumination and its sculpture on the elaboration of the new style is no less important. Chartres ought henceforth to be considered as one of the most active artistic foyers during the first half of the twelfth century.

Architectural polychromy and fictive stained glass windows in Chartres Cathedral, by Irène Jourd’heuil, with Emmanuelle Boissard’s contribution

In 2010-2012 the restoration of the windows and the render and wall coatings of the two western bays of the nave of Chartres Cathedral revealed wall paintings simulating the presence of windows. Archaeological study of these bays confirmed that they belonged to the original decoration of the cathedral built from 1195 onwards. Their iconographical study testified to their close relation to all the glazing of the building and a desire for decorative unity which probably inspired their realization. Indeed, the upper parts of the western bays respect the architectural conception adopted in the central vessel of the cathedral, with the emplacement of blind bays composed of two lancets crowned by an oculus. If the original painted program seems to have included large figures represented in the lancets, all that is preserved today are the oculi, formed of eight-petal roses with eight small quadrilobes placed above the commissures of the petals, exactly as in the clerestory in the nave. They are decorated with figures of musicians seated on thrones, among whom one probably represents King David. The paintings are closely related stylistically to the stained glass windows, especially the western rose, suggesting a date in the first or second decade of the thirteenth century for the paintings and confirming the insistence on decorative unity that presided in the conception of the gothic cathedral.

Deutsche Zusammenfassung

Jürgen Michler (1936-2015) und Chartres, von Peter Kurmann

Der Name Jürgen Michlers wird immer mit der Kathedral von Chartres verbunden bleiben. Dieser deutschen Kunsthistoriker, einer der ersten Wissenschaftler, die sich mit der Farbigkeit der mittelalterlichen Architektur beschäftigten, hat in seinem inzwischen berühmt gewordenen, 1989 im Bulletin Monumental erschienenen Aufsatz die ursprüngliche Farbigkeit des Inneren der Kathedral von Chartres rekonstruiert. Die Ergebnisse der Forschungen Michlers rechfertigen die zur Zeit laufenden Arbeiten, welche die aus dem 13. Jahrhunder stammende Farbigkeit des Inneren der Kathedrale von Chartres freilegen und konservieren. Leider konnte Jürgen Michler die praktische Umsetzung seiner theoretischen Erkenntnisse nicht mehr sehen, bevor ihn der Tod im Frühjahr dieses Jahres ereilte.

Neue Beiträge zur Bauforschung an der Fassade und den westlichen Jochen der Kathedrale von Chartres, von Pierre Martin

Der Verlauf der Bauarbeiten an der für die westeuropäische Kunstgeschichte emblematischen Kathedrale Notre-Dame von Chartres und ihre Stellung innerhalb einer Chronologie der Künste ist seit langem schon Gegenstand von Diskussionen. Die seit Ende der 2000er Jahre in Angriff genommene Restaurierung des Bauwerkes gab den Spezialisten neue Gelegenheit zu Untersuchungen, dank der fortschreitenden Errichtung von Gerüsten, Reinigungsarbeiten an den Wänden und Konsolidierung der Fenster. In der Tat wurden vom französischen Staat Studien in Auftrag gegeben, die unter Einsatz von Bauforschungsmaßnahmen Ausstattung, Struktur und Geschichte der Kathedrale analysieren sollen. Die zweite, von 2010 bis 2012 durchgeführte Maßnahme betraf die intensive Begleitung der Restaurierungsarbeiten an der Fassade und an den beiden westlichen Jochen des Bauwerkes. Dabei ging es um die Bestimmung der Chronologie dieses komplizierten Bereichs der Kathedrale, sowie um Bauorganisation, Beschaffung und Bautechnik, jedoch immer mit Blick auf den architektonischen Zusammenhang. Zwar bleiben die Ergebnisse aufgrund der durch die vorbeugende Archäologie verursachten Zwänge lückenhaft, dennoch stellen sie eine beträchtliche Bereicherung unserer Kenntnisse dieses Teilbereichs des Bauwerkes dar.

Die Kapitelle des Nordturms der Kathedrale von Chartres, von Léa D’Hommée

Durch Untersuchungen der Kapitelle des Nordturms konnte die Chronologie der zwischen 1134 und 114/45 errichteten Westfassade näher bestimmt werden. Sie ermöglichten es auch, Überlegungen nachzuweisen, die gleichzeitig zu frühgotischen Forschungen erfolgten und zwar das Entstehen neuer Beziehungen zwischen Architektur und Bauschmuck und die unverkennbare Vorbildfunktion der Antike sowohl auf formaler als auch ikonographischer Ebene. Die Rückkehr zur korinthischen Ordnung, zusammen mit anderen Anleihen bei der Antike, die an der Bauornamentik des Turms zu beobachten sind, stehen in engem Zusammenhang mit einer typisch Chartreser Kultur. Zwar sind Anleihen bei Bauten von Paris und Umgebung nicht zu leugnen – aber ebenso unbestritten ist der Einfluss von Chartres, seiner Buchmalerei und seiner Bildhauerkunst bei der Ausarbeitung des neuen Stils. Chartres muss künftig als eines der regsamsten Kunstzentren der ersten Hälfte des 12. Jhs. angesehen werden.

Architekturpolychromie und Fenster in Trompe-l’œil Malerei der Kathedrale, von Chartres, von Irène Jourd’heuil, in Zusammenarbeit mit Emmanuelle Boissard

Die Restaurierung der Fenster und des Putzes der beiden westlichen Joche des Langhauses der Kathedrale von Chartres in den Jahren 2010-2012 ermöglichten die Entdeckung von Glasfenster nachahmenden Wandmalereien. Archäologische Untersuchungen dieser Joche bestätigten, dass diese Malereien Teil des ursprünglichen Schmucks der ab 1195 errichteten Kathedrale darstellen. Die ikonographische Analyse offenbart eine enge Verbindung zu der Fenstergruppe des Bauwerkes ; die Absicht, eine ornamentale Einheit zu schaffen, führte zu ihrer Verwirklichung. In der Tat berücksichtigt die Ausführung der oberen Teile der westlichen Joche die architektonischen Leitlinien des Hauptschiffes der Kathedrale, indem zweibahnige und von Okuli bekrönte Blendfenster eingefügt wurden. Das ursprüngliche Malereiprogramm sah anscheinend die Darstellung großer Figuren in den Bahnen vor, jedoch sind nur die Malereien der Okuli erhalten ; es sind Achtpassrosen begleitet von acht kleinen Vierpässen, die genau das Motiv der Obergadenfenster wieder aufnehmen. Sie sind verziert mit auf Thronen sitzenden Musikerfiguren ; unter ihnen ist zweifellos König David zu erkennen. Der Stilansatz der Malereien bestätigt, dass sie untrennbar mit der Ausführung der Glasfenster zusammenhängen, insbesondere mit der der Westrose. Dadurch lassen sich die Malereien auf das erste oder zweite Jahrzehnt des 13. Jhs. datieren und die Absicht einer Einheit beim Entwurf des Dekors der Kathedrale findet somit ihre Bestätigung.

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