BM 172-4 2014

Le Nôtre et le décor sculpté des jardins et une œuvre inédite d’Antoine-Mathieu Le Carpentier : le château de la Tour

Après deux importants articles sur Le Nôtre et le décor sculpté des jardins et sur Le château de La Tour, ce numéro du Bulletin monumental offre les rubriques habituelles de Mélanges, Actualités, Chronique et Bibliographie.

Articles

- Jacques Thiébaut (1931-2014), par Alain Salamagne

- Le Nôtre et le décor sculpté des jardins : Fontainebleau, Vaux-le-Vicomte et Versailles au XVIIe siècle, par Jacques Moulin

- Une œuvre inédite d’Antoine-Mathieu Le Carpentier : le château de la Tour, par Étienne Faisant

Mélanges

La création artistique à l’époque carolingienne : regards sur quelques travaux récents, par Charlotte Denoël

Actualité

Indre-et-loire. Tours. Restauration de l’ancienne chapelle Saint-Libert (Gérard Fleury)
Vendée. Île d’Yeu. Découverte de peintures murales médiévales dans l’église Saint-Sauveur (Clémentine Mathurin et Erik Mikula)
Belgique. Chronique archéologique en Wallonie, 2013 et 2014 (Pierre Garrigou Grandchamp)

Chronique

Architecture, sculpture et décor religieux médiévaux. Notre-Dame de Paris : chapelles latérales et messes privées (Christian Freigang). — L’abbatiale Notre-Dame de Fontgombault (Indre) : un ensemble de sculptures méconnu (Yves Blomme). — Polychromie et spiritualité : une lecture renouvelée de l’édifice religieux (Géraldine Victoir)
Épigraphie et vitrail médiévaux. À propos des plates tombes à effigie de Narbonne (Vincent Debiais). — Cathédrale de Chartres : nouvelles recherches sur les vitraux des parties hautes (Karine Boulanger)
Architecture castrale. XVe siècle. « Le chantier royal du château d’Amboise : un passage obligé pour les architectes français de la fin du XVe siècle ? » (Évelyne Thomas)
Jardins. XVIIe-XIXe siècle. Parcs et jardins en Russie : une histoire longue avec l’Europe (Stéphanie de Courtois). — Le patrimoine mondial : évolution et perspectives (Françoise Hamon)

Bibliographie

Histoire des villes. Sandrine Lavaud et Burghart Schmidt (éd.), Représenter la ville (Moyen Âge - XXIe siècle) [Anne Bondon]. — Sharon E. J. Gerstel (éd.), Viewing the Morea. Land and People in the Late Medieval Peloponnese (Jean Mesqui). — Daniel Bontemps et Jacques Asklund, Beaugency. L’évolution d’une ville en Val de Loire (Bénédicte Renaud). — Christiane Roussel, Besançon et ses demeures du Moyen Âge au XIXe siècle (Jean-Pierre Gavignet). — Paul Fergusson, Canterbury Cathedral Priory in the Age of Becket (Pierre Garrigou Grandchamp). — Alexandra Chavarria Arnau (dir.), Padova : Architetture medievali ; Fabbio Gabbrielli, Siena medievale. L’architettura civile (Pierre Garrigou Grandchamp)
Fortifications. Nicolas Faucherre, Pieter Martens, Hugues Paucot (éd.), La genèse du système bastionné en Europe. The genesis of the bastioned system in Europe, 1500-1550. Nouvelles découvertes, nouvelles perspectives. New discoveries, new perspectives (Jean Mesqui). — Philippe Durand, L’armement au Moyen Âge, t. I et II (Jean Mesqui)
Architecture religieuse. Étienne Faisant, Vincent Juhel et François Saint-James, L’église Saint-Sauveur-du-Marché à Caen (Étienne Hamon)
Architecture civile et monastique. Gwyn Meirion-Jones (dir.), La demeure seigneuriale dans l’espace Plantagenêt. Salles, chambres et tours (Étienne Faisant). — Hervé Mouillebouche, Palais ducal de Dijon. Le logis de Philippe le Bon (Pierre Garrigou Grandchamp). — Benjamin Saint-Jean Vitus (dir.), Pas de fumet sans feu : cuisine et vie quotidienne auprès des moines de Tournus (IXe-XVIe siècle) [Pierre Garrigou Grandchamp]
Architecture civile, XVe-XIXe siècle. Jonathan Dumont et Laure Fagnart (dir.), Georges Ier d’Amboise (1460-1510). Une figure plurielle de la Renaissance (Julien Noblet). — Monique Chatenet et Claude Mignot (dir.), Le génie du lieu. La réception du langage classique en Europe (1540-1650) : sélection, interprétation, invention (Julien Noblet). — Claude Mignot, Le château de Maisons (Béatrice Vivien). — Antoine Becchi, Hélène Rousteau-Chambon, Joël Sakarovitch (dir.), Philippe de la Hire (1640-1718). Entre architecture et sciences (Juliette Hernu). — Nicolas Courtin, Paris au XVIIIe siècle. Entre fantaisie rocaille et renouveau classique (Claire Ollagnier). — Basile Baudez, Architecture et tradition académique au temps des Lumières (Claire Ollagnier). — Antoine Le Bas, Architecture de brique en Île-de-France, 1850-1950 (Françoise Hamon)
Pan de bois. Clément Alix et Frédéric Épaud (dir.), La construction en pan de bois au Moyen Âge et à la Renaissance (Pierre Garrigou Grandchamp)
Patrimoine. Philippe Nivet (dir.), Guerre et patrimoine artistique à l’époque contemporaine (Françoise Hamon)
Iconographie. Michel Pastoureau et Élisabeth Delahaye, Les secrets de la licorne (Rémy Cordonnier)
Trésor. Jenny Stratford, Richard II and the English Royal Treasure (Michele Tomasi)

Résumés analytiques

Le Nôtre et le décor sculpté des jardins : Fontainebleau, Vaux-le-Vicomte et Versailles au XVIIe siècle, par Jacques Moulin

En France, la sculpture dans les jardins fut tout d’abord associée aux fontaines. Ce jumelage perdura longtemps après le Moyen Âge et culmina avec les projets de Charles Le Brun pour les jardins de Versailles. Après l’exemple de Fontainebleau, où les sculptures furent utilisées pour la première fois de manière autonome, à partir du milieu du XVIe siècle, il fallut attendre les années 1620-1630 pour que des statues indépendantes commencent à être disposées dans les jardins, de manière très ponctuelle. Dans ce contexte, la redécouverte de ce que furent les jardins de Vaux-le-Vicomte, où presque cent sculptures furent projetées, permet de mieux comprendre la nouveauté majeure de ce domaine au début du règne de Louis XIV. Elle montre également l’importance qu’André Le Nôtre accorda à la sculpture et le rôle nouveau qu’il lui fit jouer dans la composition et le décor des jardins. Ce rôle prévalut dans les premiers travaux de Versailles mais il fut marginalisé par la suite, vraisemblablement sous l’influence de Charles Le Brun. Il ne reprit qu’en 1683, après l’échec du premier parterre d’eau, et il devint une des caractéristiques des jardins désormais dits « à la française ».

Une œuvre inédite d’Antoine-Mathieu Le Carpentier : le château de la Tour, par Étienne Faisant

Un riche ensemble de lettres et de mémoires permet de rendre la conception du château de la Tour, dans le Calvados, à Antoine-Mathieu Le Carpentier (1709-1773), l’un des architectes les plus appréciés de la fin du règne de Louis XV mais dont la plupart des créations ont été anéanties. Si les fondations avaient déjà été posées lorsqu’il prit en 1771 la direction du chantier, ce château constitue donc un rare exemple de son art, d’autant plus précieux qu’il a conservé son décor intérieur, conçu par l’architecte. Par amitié pour la comtesse de Séran, proche des financiers Laborde et Bouret, celui-ci intervint en outre gracieusement et put de ce fait imposer ses choix. La Tour est en conséquence un bon témoin de ses dernières réflexions et le montre recherchant une nouvelle simplicité dans le dessin des élévations. Le Carpentier décéda toutefois avant la fin des travaux, qui furent terminés sous la direction de Guillaume-Martin Couture.

English Summaries

Le Nôtre and the sculptural decoration of gardens : Fontainebleau, Vaux-le-Vicomte and Versailles in the seventeenth century, Jacques Moulin

In France garden sculpture was associated above all with fountains. This pairing would continue long after the Middle Ages and culminate in the projects of Charles Le Brun for the gardens of Versailles. Sculptures were used autonomously for the first time in the mid sixteenth century at Fontainebleau, but it was not until 1620-1630 that independent statues began to be placed occasionally in gardens. In this context, the rediscovery of the former gardens of Vaux-le-Vicomte, where more than one hundred sculptures were planned, points up the great novelty of these appointments at the beginning of the reign of Louis XIV. It also shows the importance given to sculpture by André Le Nôtre and the new role it played in the composition and decoration of his gardens. A similar outlook prevailed in the earliest work at Versailles, but was marginalized, probably under the influence of Charles Le Brun. It resumed only in 1683, after the failure of the first parterre d’eau, and became one of the characteristics of gardens hereafter called “à la française”.

An unpublished work by Antoine-Mathieu Le Carpentier : the Château de la Tour, Etienne Faisant

Accumulated mentions in letters and mémoires indicate that the Château de la Tour in the Calvados was conceived by Antoine-Mathieu Le Carpentier (1709-1773), one of the architects most in favour at the end of the reign of Louis XV, although few of his buildings have survived. If the foundations were already in place in 1771 when he took charge, the château constitutes a rare example of his art, all the more important for having retained its interior decoration, which was conceived by the architect. As a friend of the Comtesse de Séran, and a colleague of the financial advisors Laborde and Bouret, Le Carpentier intervened free of charge and could thus impose his choices. La Tour is consequently a fine example of his last reflections and shows him searching for a new simplicity in the elevations. Le Carpentier died before the building was finished, and work was completed by Guillaume-Martin Couture.

Deutsche Zusammenfassung

Le Nôtre und der Skulpturenschmuck in den Gärten von Fontainebleau, Vaux-le-Vicomte und Versailles im 17. Jh Von Jacques Moulin.

In Frankreich entstand die Gartenplastik zunächst in Verbindung mit den Brunnen. Diese Verknüpfung bestand noch lange nach dem Mittelalter und gipfelte in den Projekten des Charles Le Brun für die Gärten von Versailles. Nach dem Beispiel von Fontainebleau, wo seit Mitte des 16. Jhs. zum ersten Mal Skulpturen eigenständig auftraten, begann man in den Jahren 1620/1630 Skulpturen vereinzelt in Gärten aufzustellen. In diesem Zusammenhang macht uns die Wiederentdeckung der Gärten von Vaux-le-Vicomte wo fast 100 Skulpturen aufgestellt werden sollten, bewusst, wie neu die Aussagekraft dieses Phänomens zu Anfang der Herrschaft Ludwigs XIV. war. Sie zeigt uns weiterhin, welche Bedeutung Skulpturen und ihre Rolle bei der Gartengestaltung für André Le Nôtre besaßen. Bei seiner ersten Tätigkeit in Versailles gab diese Rolle den Ausschlag, trat in der Folge jedoch in den Hintergrund, wahrscheinlich unter dem Einfluss von Charles Le Brun. Sie kam erst 1683 wieder auf, nach dem Misslingen der ersten Wasserbeckenanlage, wurde dann aber eines der charakteristischen Merkmale der Gärten, die fortan “à la française“ bezeichnet wurden.

Das Château de la Tour, ein noch unveröffentlichtes Werk von Antoine-Mathieu Carpentier Von Etienne Faisant

Eine Fülle von Briefen und Kostenaufstellungen erlauben uns, die Konzeption des im Departement Calvados gelegenen Château de la Tour dem Architekten Antoine-Mathieu Le Carpentier zuzuschreiben, der gegen Ende der Herrschaft König Ludwigs XV. einer der meist geschätzten Baumeister war, dessen Werke jedoch größtenteils zerstört sind. Obwohl die Fundamente schon bestanden, als er 1771 die Baustelle übernahm, stellt das Schloss dennoch ein seltenes Beispiel seiner Kunst dar. Dies ist umso beachtlicher, als auch die vom Architekten gestaltete Innenausstattung erhalten ist. Aus Freundschaft zu der Comtesse de Seran, die den Bankiers Laborde und Bouret nahestand, arbeitete er im Übrigen unentgeltlich, weshalb er auch seine Vorstellungen durchsetzen konnte. Somit zeugt das Schloss sehr gut von seinen letzten Überlegungen und lassen in seinen Planzeichnungen des Aufrisses eine Suche nach einer neuen Einfachheit erkennen. Le Carpentier starb jedoch vor Abschluss der Bauarbeiten, die dann unter der Leitung von Guillaume-Martin Couture vollendet wurden.

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