BM 172-3 2014

L’église Saint-Georges de Rochecorbon (Indre-et-Loire) et la maison de Lestrade à Viviers (Ardèche)

Ce numéro de varia propose trois importants articles sur la charpente de l’église Saint-Georges de Rochecorbon (Indre-et-Loire) et sur la maison de Lestrade à Viviers (Ardèche) et ses peintures murales. On y trouve également les rubriques coutumières (actualités, chronique et bibliographie).

Articles

Rochecorbon (Indre-et-Loire), église Saint-Georges. Une charpente du début du XIe siècle, par Frédéric Épaud
La maison de Lestrade à Viviers (Ardèche), par Judicaël de la Soudière-Niault
Les peintures murales de la maison de Lestrade à Viviers (Ardèche), par Marthe Laloge

Actualité

Maine-et-Loire. Angers. La maison canoniale du XIIIe siècle, 1, rue Donadieu de Puycharic (Jean-Yves Hunot)
Morbihan. Vannes. Des maisons du début du XIVe siècle, 17 et 19, rue Saint-Guenhaël (Jean-Pierre Leconte)
Paris. Découverte de vestiges de la Grande Galerie de Jean de Berry à l’hôtel de Nesle ? (Bénédicte Perfumo et Josette Proust-Perrault)
France. Un diptyque royal de 1472 (Bertrand Jestaz)

Chronique

Architecture, art et sculpture de l’époque romane. Relecture archéologique de l’abbatiale de Baume-les-Messieurs (Jura) (Éliane Vergnolle). — L’iconographie rare d’un chapiteau du cloître perdu de Notre-Dame-des-Doms d’Avignon (Laurence Cabrero-Ravel). — À propos des peintures murales en Poitou : interprétation et surinterprétation, questions de méthodes (Christian Davy)
Architecture religieuse de l’époque gothique. XIIIe-XVe siècle. Architecture franciscaine primitive : l’église du premier couvent franciscain de Nicosie (Chypre) [Thomas Coomans]. — Nouvelles investigations archéologiques à la cathédrale Saint-Nicolas de Fribourg (Suisse) [Katrin Brockhaus]. — Heinrich Parler à Augsbourg ? Un débat à reconsidérer (Marc Carel Schurr)
Architecte civile et urbaine. Angleterre et Allemagne. XIIe-XVe siècle. La grande salle d’Oakham et les Halls anglais du XIIe siècle (Jean Mesqui). — Architecture civile à Ratisbonne : salles voutées et caves (Pierre Garrigou Grandchamp)
Sculpture. XVe-XVIe siècle. Le « sort des vieilles pierres » : devenir des vestiges de la Renaissance tourangelle (Dominique Hervier). — La gypsothèque du Louvre : les enseignements de la restauration (Geneviève Bresc-Bautier)
Jardin, architecture. XVIIIe-XIXe siècle. Un jardin à la française inspiré de Blondel en Allemagne (Jorg Gärms). — Les partis architecturaux de la cour de Justice de la fin de l’Ancien Régime à l’Empire (Basile Baudez)

Bibliographie

Historiographie. Cédric Lesec (dir.), Zodiaque. Le monument livre (Éliane Vergnolle).
Architecture religieuse médiévale. Yves Gallet (éd.), « Ex Quadris lapidibus ». La pierre et sa mise en œuvre dans l’art médiéval. Mélanges d’histoire de l’art offerts à Éliane Vergnolle (Quitterie Cazes). — Éliane Vergnolle et Sébastien Bully (dir.), Le « premier art roman » cent ans après. La construction entre Saône et Pô autour de l’an mil. Études comparatives (Quitterie Cazes). — Valérie Chaix, Les églises romanes de Normandie. Formes et fonctions (Éliane Vergnolle). — Nicolas Bru (dir.), Archives de pierre. Les églises du Moyen Âge dans le Lot (Quitterie Cazes). — Tancredi Bella, S. Andrea a Piazza Armerina, priorato dell’Ordine del Santo Sepolcro. Vicende costruttive, cicli pittorici e spazio liturgico (Éliane Vergnolle). — Carlo Ebanista et Alessio Monciati (éd.), Il Molise medievale. Archeologia e arte (Éliane Vergnolle)
Architecture civile. Étienne Hamon et Valentine Weiss (dir.), La demeure médiévale à Paris ; Valentine Weiss (dir.), La demeure médiévale à Paris. Répertoire sélectif des principaux hôtels (Bastien Lefebvre). — Georges Ayala (dir.), Lyon, Saint-Georges. Archéologie, environnement et histoire d’un espace fluvial en bord de Saône (Pierre Garrigou Grandchamp). — Nicolas Chaudun, Jean-Louis Durand, Gilles de Galard, Répertoire des manoirs de la Sarthe, XVe et XVIe siècles (Etienne Faisant). — Marie-Agnès Férault, avec les contributions de Chantal Colleu-Dumond, Valérie Mauret-Cribellier, Chaumont-sur-Loire. Un château, un bourg (Jean Mesqui). — Pierre Pinon, Paris pour mémoire. Le livre noir des destructions haussmanniennes (Linnéa Rollenhagen Tilly)
Patrimoine. Georg Germann et Dieter Schnell, Conserver ou démolir ? Le patrimoine bâti à l’aune de l’éthique (Patrick Ponsot)
Sculpture. Stéphanie Diane Daussy, Sculpter à Amiens en 1500 (Brigitte D’Hainaut-Zvenzy)
Vitrail. Sylvie Balcon-Berry, Françoise Perrot et Christian Sapin (éd.), Vitrail, verre et archéologie entre le Ve et le XIIe siècle (Karine Boulanger). — Françoise Gatouillat et Michel Hérold avec la collab. de Karine Boulanger et Jean-François Luneau, Les vitraux d’Auvergne et du Limousin (Brigitte Kurmann-Schwartz)
Enluminure. Baudouin Van Den Abeele, Texte et image dans les manuscrits de chasse médiévaux (Christian Heck). — Dominique Barbet-Massin, L’Enluminure et le Sacré. Irlande et Grande-Bretagne, VIIe-VIIIe siècles (Eric Palazzo). — Christian Heck, Le « Ci nous dit ». L’image médiévale et la culture des laïcs au XIVe siècle. Les enluminures du manuscrit de Chantilly (Bruno Boerer)
Iconographie. Marcello Angheben, D’un Jugement à l’autre. La représentation du jugement immédiat dans les Jugements derniers français : 1100-1250 (Yves Christe). — Sulamith Brodbek, Les saints de la cathédrale de Monreale en Sicile. Iconographie, hagiographie et pouvoir royal à la fin du XIIe siècle (Marcello Angheben). — Jean Wirth, L’image à la fin du Moyen Âge (Yves Christe)
Peinture murale. Claudine Landry-Delcroix, La peinture murale gothique en Poitou, XIIIe-XVe siècle (Virginie Czerniak)
Instrument de travail. Martine Plouvier (dir.), Guide des sources de l’histoire de l’art aux Archives nationales et aux Archives de Paris (Françoise Boudon)
Livres reçus.

Résumés analytiques

Rochecorbon (Indre-et-Loire), église Saint-Georges. Une charpente du début du XIe siècle, par Frédéric Épaud

La nef de l’église romane Saint-Georges de Rochecorbon, près de Tours, conserve de nombreux éléments de sa charpente d’origine. Les analyses dendrochronologiques ont confirmé une mise en œuvre de la charpente de la nef en 1028 et une reprise partielle en 1127 liée au rajout de la voûte en berceau du chœur. Cette haute datation s’applique à l’ensemble des maçonneries de la nef et du chœur, bien conservées, et aussi, vraisemblablement, à une partie des peintures du mur nord. La charpente, dont sont conservés en place la plupart des entraits et, en réemploi, plusieurs chevrons, est donc la plus ancienne charpente médiévale connue en France, dans l’état actuel du recensement. Sa restitution, confirmée par le négatif d’une ferme sur le pignon ouest, révèle des dispositions relativement étonnantes. Cette datation permet aussi d’apporter un jalon précis pour l’étude d’une forme architecturale particulière, propre aux petites églises paroissiales de la région Centre, qui semble définir une génération d’édifices modestes proches de l’an mille.

La maison de Lestrade à Viviers (Ardèche), par Judicaël de la Soudière-Niault

En plein cœur de la vieille ville de Viviers, la maison de Lestrade est aussi remarquable par son volume et ses formes atypiques que par l’exceptionnel décor médiéval de son ancienne salle. Pourvue d’une enveloppe à la physionomie rebutante et au vocabulaire à dominante classique, cette maison cache un vaste programme civil résidentiel d’époques romane et gothique au service d’ambitieux patriciens. Cette étude décompose les témoins visibles en l’état, afin de retracer les phases architecturales les plus significatives de sa riche histoire.

Les peintures murales de la maison de Lestrade à Viviers (Ardèche), par Marthe Laloge

Le cycle peint découvert en 1978 à Viviers, au premier étage de la maison romane dite « maison de Lestrade », illustre la parabole de l’Enfant prodigue.
Longtemps inaccessible, il fait ici l’objet d’une étude attentive de sa composition et de son style. Sa réalisation est attribuée aux années 1290-1305. Recouvrant un décor antérieur de faux appareil, les peintures sont agencées en tableaux rectangulaires, encadrés par deux bandes décoratives, au-dessus d’un soubassement haut de 2,70 m.
L’iconographie des scènes est identifiée par référence aux textes de l’Écriture sainte et sont comparées aux nombreuses représentations sculptées contemporaines de la même parabole. À ce jour, ce cycle en est cependant la seule représentation peinte connue, d’autant plus remarquable qu’elle ornait un espace privé, la salle haute d’une maison patricienne.

English summaries

Rochecorbon (Indre-et-Loire), the church of Saint-Georges. Early eleventh-century timberwork roof, by Frédéric Épaud

The nave of the Romanesque church of Saint-Georges de Rochecorbon, near Tours, preserves several vestiges of its original timberwork. Dendrochonological analyses have confirmed the construction of the timberwork in the nave in 1028, and a partial resumption in 1127 related to the addition of the barrel vault in the choir. This early dating applies to all the masonry of the nave and the choir. The timberwork, of which most of the tie-beams are still preserved in place, along with several reused chevrons, is the oldest medieval timberwork roof structure currently known in France. Its restitution, negatively confirmed by trusses on the west gable, reveal dispositions that are relatively surprising. The dating also provides a precise benchmark for the study of a particular architectural form, peculiar to small parish churches in central France, which seems to define a generation of modest buildings around the year 1000.

The « maison de Lestrade » in Viviers (Ardèche), by Judicaël de la Soudière-Niault

In the heart of the old city of Viviers, the « maison de Lestrade » is as remarkable for its volume and atypical forms as for its exceptional medieval decoration in the great chamber. Behind a somewhat off-putting exterior envelope appointed in a largely classical vocabulary, the interior of the residence reveals a vast Romanesque and Gothic programme developed for its ambitious patricians. The visible components are analyzed in order to retrace the most significant architectural phases in its rich history.

The wall-paintings in the « maison de Lestrade » at Viviers (Ardèche), by Marthe Laloge

The painted cycle discovered in 1978 at Viviers on the first floor of the Romanesque house called the « maison de Lestrade » illustrates the parable of the prodigal son. Inaccessible for many years, its composition and style are carefully studied here. Dated to the years 1290-1305 and covering an earlier painted layer of fictive stonework, the paintings are organized in rectangular panels and framed by two decorative bands, 2.70 m above floor level. The iconography is identified with the biblical texts and compared with several contemporary representations of the same parable. This cycle, however, is the only known painted depiction and is all the more remarkable in that it decorates a private space, the great chamber on the upper floor of a noble residence.

Deutsche Zusammenfassung

Die Kirche Saint-Georges in Rochecorbon (Departement Indre-et-Loire). Ein Dachstuhl aus dem Anfang des 11. Jahrhunderts, von Frédéric Épaud.

Das Langhaus der romanischen Kirche Saint-Georges in Rochecorbon bei Tours besitzt noch zahlreiche Elemente seines ursprünglichen Dachstuhls. Dendrochronologische Analysen haben den Bau des Langhausdachstuhls für das Jahr 1028 bestätigt, sowie seine Teilerneuerung im Jahre 1127 im Zusammenhang mit dem Einbau des Chorgewölbes. Diese Frühdatierung gilt auch für das gut erhaltene Mauerwerk von Langhaus und Chor und wahrscheinliche auch für einen Teil der Malereien der Nordwand. Gemäß der aktuellen Bestandsaufnahme ist der Dachstuhl, dessen Bundbalken zum größten Teil in situ und dessen Dachsparren in anderer Verwendung erhalten sind, somit das älteste bekannte Dachwerk in Frankreich. Seine Rekonstruktion, die durch einen Negativabdruck eines Binders im Westgiebel bestätigt wird, offenbart in gewissem Maße erstaunliche Verarbeitungspraktiken. Die Datierung ermöglicht auch präzise Anhaltspunkte bei der Analyse einer besonderen Architekturform der kleineren Pfarrkirchen in Zentralfrankreich, die eine Generation von bescheidenen Bauwerken um das Jahr 1000 zu definieren scheint.

Das Haus Lestrade in Viviers (Departement Ardèche), von Judicaël de la Soudière-Niault.

Sowohl der Baukörper selbst als auch der außergewöhnliche mittelalterliche Wandschmuck im ehemaligen großen Saal geben dem Haus Lestrade im Herzen der Altstadt von Viviers seine besondere Bedeutung. Seine Hülle hat zwar ein abstoßendes Aussehen und verwendet vorwiegend klassisches Bauvokabular, birgt jedoch im Dienst anspruchsvoller Patrizier ein umfangreiches bürgerliches Wohnprogramm aus Romanik und Gotik. Vorliegende Untersuchung zerlegt dessen sichtbare Zeugnisse in seine Bestandteile, um die Spuren der bedeutsamsten Bauepochen seiner reichen Geschichte aufzuzeigen.

Die Wandmalereien im Hause Lestrade in Viviers (Departement Ardèche), von Marthe Laloge.

Der 1978 im ersten Stock eines romanischen Hauses in Viviers mit dem Namen Lestrade entdeckte Bilderzyklus schildert das Gleichnis vom verlorenen Sohn.
Nachdem er lange Zeit unzugänglich war, wird er nun einer kompositorischen und stilistischen Analyse unterzogen. Seine Entstehung wird dem Zeitraum 1290 bis 1305 zugeschrieben. Die Malereien überdecken eine ältere Fugenmalerei und sind über einem 2.70m hohen Sockel in rechteckigen Bildern angeordnet, die mit einem doppelten Schmuckband gerahmt sind.
Die Ikonographie der Szenen lassen sich mit den Bibeltexten identifizieren und mit zahlreichen zeitgenössischen figürlichen Darstellungen des Gleichnisses vergleichen. Bis heute ist der Zyklus jedoch die einzige bekannte gemalte Darstellung des Themas und dies ist umso bemerkenswerter als sie einen Privatraum schmückt, nämlich den großen Saal eines Patrizierhauses.

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