ChateauConnaitre le patrioine pour le sauvegarder

Accueil du site > Publications > Bulletin monumental > BM 169-4 2011

BM 169-4 2011

Vernon, la cathédrale d’Albi et le Trianon de Saint-Cloud

Après trois articles de fond sur la tour des Archives et le fort des Tourelles de Vernon, la cathédrale d’Albi et le Trianon de Saint-Cloud, cette livraison du Bulletin monumental présente les habituelles rubriques : actualités, chronique et bibliographie.

Articles
La tour des Archives et le fort des Tourelles de Vernon (Eure). Deux édifices royaux exceptionnels édifiés vers 1200, par Jean Mesqui
Les sources normandes dans l’achèvement de la cathédrale d’Albi à la fin du Moyen Âge, par Antoinette et Jacques Sangouard
Le Trianon de Saint-Cloud : un autre Trianon de Porcelaine ?, par Michaël Decrossas

Actualité
CALVADOS. BAYEUX : Découverte d’une salle de trait du XIIIe siècle dans les combles de la cathédrale (Frédéric Epaud).- DOUBS. BESANÇON : ZAC Pasteur. Étude du bâti d’une façade médiévale (Marie-Laure Bassi, Géraldine Mélot et Valérie Viscusi-Simonin)

Chronique
Sources antiques et allégories. XIIe et XVIe siècle. Un tympan civil mosan du XIIe siècle : une iconographie savante entre Antiquité et christianisme (Pierre Garrigou Grandchamp).- Iconographie du Temps : l’horloge de la cathédrale de Strasbourg (Évelyne Thomas).- De pictura ad architecturam. Jan van Eyck était-il architecte ? À propos de la représentation d’une cathédrale dans « La Vierge dans l’église » (Marc Carel Schurr)
Architecture civile et militaire. XIIe-XVIIIe siècle. Le château de Senonches (Eure-et-Loir) (Jean Mesqui).- L’activité constructive urbaine et militaire d’un évêque alsacien à la fin du XVIe siècle (Dominique Hervier).- Le château de Presbourg au XVIIIe siècle (Bertrand Jestaz)
XIXe et XXe siècle. Un chapitre inédit de la Reconstruction catholique dans l’ouest : le père Malgloire Tournesac (Antoine Le Bas).- Presse et vie artistique à Poitiers (Édouard Vasseur)

Bibliographie
Forteresses du Proche-Orient. Kate Raphael, Muslim Fortresses in the Levant. Between Crusaders and Mongols (Jean Mesqui).- Jean-Michel Mouton (dir.), Sadr, une forteresse de Saladin au Sinaï. Histoire et archéologie (Jean Mesqui)
Architecture médiévale et moderne. Herveline Delhumeau, Le Palais de la Cité, du Palais des rois de France au Palais de Justice (Jean Mesqui).- Raphaël Tassin, Les églises de la prévôté de Bruyères (Vosges). Réfections et reconstructions (1661-1789) (Sophie Descat).- Bernard Toulier (dir.), Villégiature des bords de mer. Architecture et urbanisme, XVIIIe-XIXe siècle (Françoise Hamon)
Villes. Mathieu de La Corbière (dir.), Genève, ville forte (Jean Mesqui).- Marcel Grandjean et al., Avenches. La ville médiévale et moderne.Urbanisme, Arts et Monuments (Pierre Garrigou Grandchamp)
Architectes. Sabine Frommel (dir.) avec la collab. de Flaminia Bardati, Primatice architecte (Emmanuel Lurin).- Christian Taillard, Victor Louis (1731-1800). Le triomphe du goût français à l’époque néo-classique (Jörg Garms)
Vitrail. Daniel Parello, Die mittelalterlichen Glasmalereien in Marburg und Nordhessen (Karine Boulanger)

Résumés analytiques

La tour des Archives et le fort des Tourelles de Vernon (Eure). Deux édifices royaux exceptionnels édifiés vers 1200, par Jean Mesqui.

La ville de Vernon conserve de son passé médiéval deux tours de son ancien château royal, une fortification de tête de pont, appelée le « Fort des Tourelles » de Vernonnet, et d’importantes sections de son enceinte urbaine. Si chacun de ces ouvrages revêt un intérêt architectural et archéologique certain, la tour des Archives et celle de Vernonnet sortent du lot commun de la construction fortifiée du roi Philippe Auguste : la première est l’une des premières tours maîtresses cylindriques bâties par ce roi, alors que la seconde est une tour maîtresse carrée flanquée de tours, tout à fait atypique dans la production royale. Et chacune d’elles était ornée, à son « bel étage », d’une statuaire somptueuse, dont on ne connaît pas d’équivalent en France avec un tel degré de qualité et en tel nombre. Cette découverte unique permet de réévaluer la question de la maîtrise d’ouvrage et de la maîtrise d’œuvre des chantiers royaux sous Philippe Auguste.

Les sources normandes dans l’achèvement de la cathédrale d’Albi à la fin du Moyen Âge, par Antoinette et Jacques Sangouard
Entre 1474 et 1528, sous l’impulsion d’évêques issus des familles d’Amboise, Robertet et Gouffier, Sainte-Cécile d’Albi fut achevée et dotée d’un riche décor flamboyant dont les sources s’éclairent grâce aux liens qu’entretenaient ces prélats avec le nord de la France et en particulier la Normandie. Le jubé d’Albi fait ainsi écho à celui, disparu, de Saint-Ouen de Rouen, posé vers 1462. La chaire épiscopale en pierre intégrée à la clôture de chœur et les stalles présentent des similitudes avec un projet de flèche, tracé sur parchemin, acquis au Havre en 1887. Certaines dispositions du sommet du clocher se retrouvent dans les monuments normands ou picards. Le porche méridional et son portail à voussures surhaussées des années 1510-1520 rappellent l’avant-portail des libraires de la cathédrale de Rouen (1481-1483) pour le premier, certains portails d’églises ligériennes pour le second. Tous ces chefs-d’œuvre anonymes de sculpture décorative témoignent de la diffusion vers le midi, après la fin de la guerre de Cent Ans, des raffinements de l’architecture flamboyante du nord de la Loire, la sculpture figurée étant, pour sa part, davantage marquée par les influences germaniques ou flamandes.

Le Trianon de Saint-Cloud : un autre Trianon de Porcelaine ?, par Michaël Decrossas
Longtemps négligé, ce petit pavillon, élevé à l’extrémité du parc de Saint-Cloud, du côté de Sèvres et en surplomb de la Seine, fut pourtant célèbre en son temps. Construit entre 1670 et 1671, il resta inachevé. Seuls le corps central et l’un des pavillons furent bâtis, faisant perdre au bâtiment la symétrie du projet initial, connu par des gravures. L’élévation, d’un étage carré, était particulièrement originale : le pavillon de plan rectangulaire aux angles arrondis était surmonté d’un toit terrasse au centre duquel ouvrait un attique couvert d’un dôme reprenant la forme du pavillon. Il abritait un salon à l’italienne. Dans le corps central, le décor avait été particulièrement soigné : dans la chambre et le cabinet, des carreaux de faïence pour les sols et les lambris à hauteur d’appui avaient été prévus, qui s’harmonisaient avec les meubles peints et les tentures mis en place. Le modèle en était clairement le Trianon de Porcelaine de Versailles. L’ensemble avait été réalisé sous la conduite de Thomas Gobert qui en était l’entrepreneur. Mais, les dessins en avaient sans doute été donnés par l’architecte du frère du Roi, Antoine Le Pautre, auquel reviendrait ainsi l’invention du plan si particulier du pavillon abritant le salon.

English summaries (Traduction de Patricia Stirnemann)

The « tour des Archives » and the « fort des Tourelles » at Vernon (Eure). Two exceptional royal buildings constructed around 1200, by Jean Mesqui
The city of Vernon has preserved two of the medieval towers of its royal castle, a fortified bridgehead called the “Fort des Tourelles” de Vernonnet and important sections of its urban enclosure. If both of these works are of architectural and archaeological interest, the “tour des Archives” and that of Vernonnet are unusual among Philippe Auguste’s fortifications : the first is one of the first cylindrical great towers built by him, whereas the second, a great square tower flanked by towers, is totally atypical in the royal production. Moreover, the noble first floor of each is decorated with lavish sculpture for which there is no equivalent in France in terms of quality and quantity. This unique discovery entails a re-evaluation of project management and supervision on royal worksites under Philippe Auguste.

Norman sources for the finishing touches on Albi Cathedral at the end of the Middle Ages, by Antoinette and Jacques Sangouard
Between 1474 and 1528, under bishops Robertet and Gouffier, who issued from the Amboise family, Sainte-Cécile d’Albi was finished and graced with a rich flamboyant decoration for which the sources become clear through the links these prelates had with northern France, and more specifically Normandy. The jubé at Albi echoes that of the no longer extant one at Saint-Ouen de Rouen, which was erected around 1462. The episcopal throne in stone in the choir enclosure and the choir stalls present similarities with a drawing on parchment of a project for a spire, which was acquired at Le Havre in 1887. Certain details of the top of the bell tower can be found in Norman and Picard monuments. The south porch and its portal with raised arches from the years 1510-1520 recall respectively the facing work of the booksellers portal at Rouen Cathedral (1481-1483) and certain portals in the Loire Valley. All these anonymous masterpieces of decorative sculpture illustrate the diffusion toward the South after the Hundred Years’ War of the refinements of Flamboyant architecture the regions north of the Loire, whereas figural sculpture was more marked by Germanic and Flemish influence.

The Trianon at Saint-Cloud : another porcelain Trianon ? by Michaël Decrossas
Long neglected, the little trianon perched on the outskirts of the park at Saint-Cloud, on the side facing Sèvres and overlooking the Seine, was famous in its day. Built between 1670 and 1671, it remained unfinished. Only the central building and one of the pavilions were completed, impairing the symmetry of the original project, which is known from engravings. The elevation was particularly original : the rectangular pavilion with shaved corners was surmounted with a terraced roof, in the centre of which was an attic covered by a dome that repeated the form of the pavilion. The structure housed an Italianate drawing room. The embellishment of the central building was particularly refined : in the bed chamber and « cabinet », faience floor tiles and dados harmonized with the painted furnishings and hangings that were installed. The model was clearly the Porcelain Trianon at Versailles. The project was directed by Thomas Gobert, who undertook the work. But the drawings were undoubtedly prepared by the architect of the king’s brother, Antoine Le Pautre, to whom one owes the invention of the unusual plan for the pavilion with the drawing room.

Deutsche zusammenfassung (Traduction de Pierre Steimer)

Der Turm der Archive und die Festung der „Tourelles“ von Vernon (im Departement Eure). Zwei außergewöhnliche, um 1200 errichtete Königsbauten, von Jean Mesqui
In der Stadt Vernon sind zwei mittelalterliche Türme der ehemaligen Königsburg erhalten. Es handelt sich um einen befestigten Brückenkopf mit dem Namen „Fort des Tourelles“ von Vernonnet, sowie größere Abschnitte der Stadtmauern. Zwar sind alle diese Bauwerke architektonisch und archäologisch von Interesse, aber der „Turm der Archive“ und der Turm von Vernonnet nehmen innerhalb des herkömmlichen, unter König Philippe-Auguste errichteten Festungsbaus eine Sonderstellung ein : der erste ist einer der ersten von diesem König erbauten Rundtürme, während der zweite ein quadratischer von Türmen flankierter Bergfried ist, der in der königlichen Produktion gänzlich untypisch ist. Beide weisen in ihrer „Beletage“ einen prachtvollen Statuenschmuck auf, der, was Qualität und Anzahl betrifft, in Frankreich seinesgleichen sucht. Im Umfeld der königlichen Bauprojekte unter Philippe-Auguste stellt diese einzigartige Entdeckung die Frage nach dem Bauherrn und dem Baumeister neu.

Normannische Quellen bei der Vollendung der Kathedrale von Albi im Spätmittelalter, von Antoinette und Jacques Sangouard
Dank der Tatkraft der Bischöfe der Familien Amboise, Robertet und Gouffier wurde zwischen 1474 und 1528 die Cäcilienkathedrale von Albi vollendet und erhielt eine reiche spätgotische Ausstattung, deren Quellen aufgrund der Beziehungen der Prälaten zu Nordfrankreich und insbesondere zur Normandie nunmehr greifbar werden. So ist der Lettner von Albi ein Pendant zu jenem von Saint-Ouen von Rouen, der 1462 errichtet wurde, jedoch nicht mehr erhalten ist. Der in die Chorschranken integrierte steinerne Bischofsthron und das Chorgestühl lassen Analogien mit einem Pergament erkennen, das einen Turmhelm zeigt und 1887 in Le Havre erworben wurde. Gewisse Details an der Turmspitze finden sich ebenfalls an Bauten in der Normandie und Picardie. Der Südeingang erinnert an das vordere "portail des libraires" der Kathedrale von Rouen (1481-1483) und sein Portal mit einem gestelzten Bogen - beide Werke aus den Jahren 1510/1520 - verweist auf Portale im Loiretal. Alle diese anonymen Meisterwerke der Bildhauerkunst zeugen von der Verbreitung einer verfeinerten spätgotischen Architektur, die nach dem Hundertjährigen Krieg vom Norden der Loire kommend, den Süden erreicht hat, wobei die figürlichen Bildwerke überwiegend von Einflüssen aus dem deutschen Reich und aus Flandern geprägt sind.

Das Trianon von Saint Cloud, ein anderes Porzellan-Trianon ?, von Michaël Decrossas
Der kleine Pavillon am Rand des Parks von Saint Cloud auf der Seite von Sèvres und die Seine beherrschend wurde lange vernachlässigt, obwohl er seinerzeit berühmt war. Erbaut von 1670 bis 1671, blieb er unvollendet. Nur der Mitteltrakt und einer der Seitenpavillons wurden errichtet, wodurch die Symmetrie des durch Stiche bekannten Originalentwurfs verloren ging. Der Bau besitzt ein quadratisches Stockwerk und ist von besonderer Originalität : der Pavillon auf rechteckigem Grundriss wird von einer Dachterrasse bedeckt in deren Mitte sich eine Attika erhebt die wiederum von einer nach Art eines Pavillons gestalteten Kuppel bekrönt wird. Im Inneren befand sich ein italienischer Salon. Die Dekoration im Mitteltrakt ist besonders sorgfältig gearbeitet. Im Schlafraum und im Kabinett waren Fayencebodenfliesen und eine bis auf halbe Höhe reichende Wandtäfelung vorgesehen, die mit bemalten Möbeln und den Wandteppichen ein harmonisches Ensemble bildeten. Als Vorlage diente offensichtlich das Porzellan-Trianon von Versailles. Die Gesamtgestaltung oblag Thomas Gobert, der auch zuständiger Bauunternehmer war. Die Risse stammten jedoch zweifellos vom Architekten des Bruders des Königs, Antoine Le Pautre, der somit den Entwurf für den so außergewöhnlichen Pavillon mit dem Salon lieferte.

haut de page