BM 168-3 2010

L’Allemagne gothique II

L’Allemagne gothique - II. L’architecture religieuse.

TABLE DES MATIÈRES

ARTICLES

- L’architecture religieuse en Allemagne entre 1220 et 1350, par Marc Carel Schurr
- Recherches récentes sur le gothique tardif (1350-1550), par Norbert Nußbaum

ACTUALITÉ

- Ardèche. Viviers. Découverte d’un ensemble de peintures murales civiles médiévales (Yves Esquieu)
- Saône-et-Loire. Cluny. 9, rue du Merle, renaissance de la façade d’une maison romane (Jean-Denis Salvèque et Pierre Garrigou Grandchamp)

CHRONIQUE

- Approche méthodologique. Iconographie . Sources textuelles et créations iconographiques : mise en place et mutations de la métaphore du Christ pèlerin (Christian Heck)
- Approche méthodologique. Architecture. Complémentarité, interdépendance ou indépendance des sources écrites et des faits archéologiques : l’exemple de l’évêché médiéval de Maguelone (Andreas Hartmann-Virnich)
- XVe siècle.Mécénat. Le mécénat de la famille des Clugny : une mise en ordre salutaire (Judith Förstel)
- XVe siècle. Conduite de chantiers. Origine des artisans du bâtiment en Normandie : de nouvelles données (Jacques Dubois)
- XVe siècle. Le cinq centième anniversaire de la naissance de Bernard Palissy. Bernard Palissy, vrais et faux coquillages : du nouveau sur les « rustiques figulines » (Françoise Barbe)
- XVIIIe siècle. Distribution intérieure. Entre hospitalité et loisir : l’art de vivre dans les country houses (Nicolas Courtin)
- Réemplois, moulages et musées d’architecture. Remplois antiques et médiévaux en Périgord (Dominique Hervier). — Spolia médiévaux dans l’architecture irlandaise de l’âge moderne (Basile Baudez). — La querelle anglaise des musées d’architecture à l’époque victorienne (Alice Thomine-Berrada)
- Histoire de Paris. Éclectisme des recherches sur l’histoire parisienne (Dominique Hervier)
- Les précurseurs. Érudits et savants en Poitou (Dominique Hervier)

BIBLIOGRAPHIE

- Histoire de l’art. Jean-François Bernard, Philippe Bernardi et Daniela Esposito (éd.), Il reimpiego in architettura. Recupero, trasformazione, uso (Éliane Vergnolle).—Wolfgang Brückle, ‘Civitas terrena’. Staatsrepräsentation und politischer Aristotelismus in der französischen Kunst 1270–1380 (Markus Schlicht)
- Architecture.Margrit Christensen, Kleinhäuser in Lübeck. Zur Bau- und Sozialstruktur der Hansestadt. Die Stadt der Handwerker und der Gewerbetreibenden ;Wolfgang Frontzek, Das städtische Braugewerbe und seine Bauten vom Mittelalter bis zur frühen Neuzeit (Pierre Garrigou Grandchamp). — Benoît Chauvin, Le Clos et le château de Vougeot, cellier de l’abbaye de Cîteaux (Pierre Garrigou Grandchamp).—Jean Mesqui, Le château de Lillebonne, des ducs de Normandie aux ducs d’Harcourt (Bruno Lepeuple).—Jean-Pierre Jacquemart, Architectures comtoises de la Renaissance. 1525-1636 (Flaminia Bardati)
- Vitrail. Élizabeth C. Pastan et Sylvie Balcon, Les vitraux du chœur de la cathédrale de Troyes (XIIIe siècle) (Brigitte Kurmann-Schwarz). Images et textes. Christian Heck (éd.), Lecture, représentation et citation. L’image comme texte et l’image comme signe (XIe-XVIIe siècle) (François Boespflug).—Jean Wirth, L’image à l’époque gothique (1140-1280) (Brigitte d’Hainaut-Zveny).—CécileTreffort, Mémoires carolingiennes. L’épitaphe entre célébration mémorielle, genre littéraire et manifeste politique (milieu VIIIe-début XIe siècle) (Anne-Orange Poilpré)

RÉSUMÉS ANALYTIQUES
(Traduction de Pierre Steimer)

L’architecture religieuse en Allemagne entre 1220 et 1350, par Marc Carel Schurr

L’architecture gothique des pays de langue allemande est le produit d’un processus d’échanges culturels, accompagné de multiples innovations tant au niveau technique qu’au niveau social. C’est précisément dans le domaine des techniques de construction que le récent essor qu’a connu l’archéologie du bâti en Allemagne a généré un large éventail de nouvelles conclusions. Mais la dimension sociale des innovations artistiques a été, elle aussi, l’objet d’une attention accrue de la part de la recherche allemande qui pose la question des fonctions des monuments et des intentions des commanditaires. Sur le plan de l’histoire stylistique, les chantiers lorrains et alsaciens ont joué un rôle de relais dans la transmission vers l’est des nouvelles formes venues de l’ouest. Ce fut, dans un premier temps, la cathédrale de Reims dont le répertoire de formes a fait l’objet d’un transfert vers les pays de langue allemande, par l’intermédiaire du chantier de la cathédrale de Toul. Plus tard, les normes du style rayonnant ont cheminé vers l’est, en passant par les cathédrales de Metz, de Cologne et de Strasbourg. L’intensité des échanges artistiques illustre de manière frappante le fait que les frontières nationales actuelles n’avaient pas une grande importance au Moyen Âge. C’est pourquoi l’époque du gothique s’inscrit tout particulièrement au patrimoine culturel européen et, à ce titre, elle mériterait de la part de la recherche une attention plus soutenue que ce qu’elle a connu jusqu’à présent.

Recherches récentes sur le gothique tardif (1350-1550), par Norbert Nußbaum

Il est généralement admis que les deux siècles compris entre 1350 et 1550 désignent l’époque tardive du gothique d’Europe centrale. Mais on est aussi tout à fait en droit d’affirmer que, pendant la même période, l’architecture médiévale s’engagea sur la voie conduisant à l’aube de l’époque moderne. Seul un raisonnement superficiel jugera dichotomiques ces deux visions car, en réalité, elles s’éclairent mutuellement si l’on est prêt à changer de perspective. Pour une part non négligeable, c’est en effet l’indécision du discours portant sur cette question fondamentale qui fournit à la recherche sur les monuments de cette époque et sur leurs conceptions architecturales, la diversité de ses approches et de ses interrogations. C’est pourquoi les travaux des deux dernières décennies portant sur le « gothique tardif allemand » constituent un paradigme de la diversification d’une branche de la médiévistique qui s’efforce, d’une part, d’appréhender son sujet avec plus d’acuité, en en proposant une description plus dense et plus diversifiée, et, d’autre part, de redéfinir sa propre position au sein de l’historiographie moderne de l’art.

ENGLISH SUMMARIES
(Traduction de Patricia Stirnemann)

Religious architecture in Germany from 1220 to 1350, by Marc Carel Schurr

Gothic architecture in German-speaking countries is the product of a process of cultural exchange, accompanied by numerous innovations both technical and social. It is in the area of construction techniques that the many recent studies in building archaeology in Germany have generated a wide range of new conclusions. But the social dimension of artistic innovation has also been the object of growing attention in Germany, posing questions about the functions of monuments and the intentions of patrons. With regard to the history of style, worksites in Lorraine and Alsace played a relay-role in the transmission of new forms from the west to the east. An early example is the case of the cathedral of Reims, whose repertory of forms was transferred toward German-speaking countries by way of the construction site of the cathedral of Toul. Later the norms of the rayonnant style moved eastward via the cathedrals ofMetz, Cologne and Strasburg. The intensity of the artistic exchanges illustrates in a striking way the irrelevance of modern political borders to the understanding of the Middle Ages. The Gothic period thus has a particular place in the European cultural heritage and merits more sustained research attention than it has previously received.

Recent research on Late Gothic architecture (1350-1550), by Norbert Nußbaum

It is generally admitted that the two centuries between 1350 and 1550 designate the late Gothic period in central Europe. But it is also possible to assert that, during this same period, medieval architecture strayed onto the path leading to the dawn of modern architecture. Only a superficial reasoning will judge these two visions as a dichotomy, because in reality they are mutually elucidating if one is ready to change perspective. In no small way, it is the indecision of the discourse bearing on this fundamental question that furnishes research on the monuments of this period and their architectural conception with the diversity of approaches and questions. This is why studies over the last two decades bearing on “German Late Gothic” constitute a paradigm of the diversification of one branch of medieval studies that tries to apprehend its subject with more acuity by proposing a more serried and varied description and by redefining its own position within the modern historiography of art.

DEUTSCHE ZUSAMMENFASSUNG

Die kirchliche Baukunst in Deutschland zwischen 1220 und 1350, von Marc Carel Schurr

Die gotische Architektur in den deutschsprachigen Ländern ist das Produkt eines europäischen kulturellen Austauschprozesses, der begleitet ist von zahlreichen Innovationen technischer und gesellschaftlicher Natur. Gerade im Bereich der Bautechnik hat der Aufschwung der Bauarchäologie in Deutschland interessante neue Ergebnisse auf breiter Front erbracht. Aber auch die gesellschaftliche Dimension der künstlerischen Neuerungen hat in der deutschen Forschung ein vertieftes Interesse gefunden, welches nach den Funktionen der Bauwerke und den Intentionen der Auftraggeber fragt. Stilgeschichtlich erweisen sich die Bauhütten in Lothringen und im Elsass als die Vermittler der neuen Formen undTechniken vonWest nach Ost. Vorbildlich war zunächst die Kathedrale von Reims gewesen, deren Formenrepertoire über die Bauhütte der Kathedrale von Toul in die deutschsprachigen Länder vermittelt wurde. Später waren es die Prinzipien des style rayonnant, welche über die Bauhütten von Metz, Köln und Strassburg ihren Weg nach Osten fanden. Die Intensität des künstlerischen Austausches ist ein beeindruckender Beleg dafür, dass die heutigen nationalen Grenzen imMittelalter keine grosse Bedeutung hatten. Die gotische Epoche erscheint daher in einem besonderen Mass als gemeinsames europäisches Kulturerbe und sollte von der Forschung noch stärker als bisher dementsprechend behandelt werden.

Forschungsbericht zur deutschen Architektur der Spätgotik (1350-1550), von Norbert Nußbaum

Die beiden Jahrhunderte zwischen 1350 und 1550 gilt konventionell als die Spätzeit der mitteleuropäischen Gotik. Mit gleichem Recht lässt sich jedoch behaupten, dass sie in diesem Raum denWeg der mittelalterlichen Architektur in die frühe Neuzeit markieren. Nur bei flüchtigem Bedenken sind dies zwei dichotomeWertungen, denn tatsächlich erhellen sich beide Auffassungen gegenseitig, wenn man bereit ist, die Perspektive zu wechseln. Tatsächlich schöpft die Forschung zu den Bauwerken und baulichen Konzepten dieser Zeit die Vielfalt ihrer Ansätze und Fragestellungen zu einem guten Teil aus der Unentschiedenheit des Diskurses in dieser epochalen Frage. Die Literatur der letzten beiden Jahrzehnte zur „deutschen Spätgotik“ ist deshalb ein Paradigma für die Diversifizierung einer mediävistischen Disziplin, die darum bemüht ist, sowohl ihren Gegenstand durch aspektreichere und dichtere Beschreibung schärfer zu erfassen, als auch den eigenen Standort im Kontext moderner Kulturhistoriografie neu zu bestimmen.

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